Jimi et SF made in UK.

Quel plaisir de replonger dans les vieux disques du grand Jimi Hendrix! Régulièrement, je le ressors de ma collection musicale, toujours avec autant de plaisir. Le grand homme, qui, en seulement 3 albums et 4 ans de carrière, a secoué dans tous les sens le bon vieux rock gentillet pour en faire un manifeste, une bouffée de liberté, des riffs de rebéllion sur une guitare qui marque encore. Ensuite, il s'est étouffé dans son propre vômi, à 27 ans, rejoignant ainsi la longue liste des artistes de talent qui ont eu la bêtise criminelle de mourir, alors qu'ils venaient juste de se mettre à table: Nick Drake, Jeff Buckley, Ellioth Smith, etc. Injustice absolue lorsque l'on constate que Francis Lalanne, Florent Pagny, Obispo, et M. Pokora se portent très bien, merci. Même les Musclés ont sorti un nouvel album.

Jimi me sert donc de luxueux fond musical alors que, désemparé par la grève des scénaristes hollywoodiens qui me prive de ma dose quotidienne de séries TV, je retrouve mes racines en me replongeant dans des lectures frénétiques, plus précisément dans de la Science-Fiction, genre injustement méprisé et sous-estimé. Je blâme Isaac Asimov et sa SF ringarde, naïve et mal écrite.
Nos voisins outre-Manche, ceux-là même que nous n'aimons pas, tant à un niveau personnel que national, et qui nous le rendent bien, écrivent ces temps-ci des choses très intéressantes.

Tout d'abord China Miéville, qui, après Perdido Street Station et The Scar, a sorti Iron Council, troisième volet stupéfiant de son univers très particulier, ayant en son centre la ville grouillante, complexe, fascinante de New Crobuzon. De la fantasy à l'heure de la révolution industrielle, qui se laisse corrompre par l'argent, la guerre, les machines; monde qui perd de sa magie et qui inexorablement se rapprochera du nôtre.

Vient ensuite Charles Stross qui dans Glasshouse décrit son personnage qui s'est volontairement fait effacer la mémoire pour échapper à menaces dont il ne se souvient même pas.

Richard Morgan et son Altered Carbon est un excellent mélange de polar et de science-fiction pure et dure; de l'action non-stop qui laisse en toile de fond deviner tout un monde complexe où la mort n'existe plus, pour peu que l'on ait les moyens de s'acheter un nouveau corps.

Enfin, Peter F. Hamilton est un petit homme qui, comme tu peux le constater sur l'image ci-contre, ne paie pas de mine. Et pourtant, il est complètement fou. Pas une folie aussi poussée et raffinée dans le style et le détail que Neil Stephenson, mais tout autant dans l'ambition et l'envergure. Après avoir sa trilogie de Night's Dawn il y a quelques années, le voilà revenu avec Pandora's Star, et sa suite Judas Unchained. Comme d'habitude, il ne sait pas raconter une histoire sans une vingtaine de personnages, une centaines de mondes très bien définis, des idées très claires sur le quotidien du futur lointain et ses implications sociales et culturelles, et surtout sans plusieurs tomes de 1200 pages. Le brave homme.


Alors je sais que ça peut paraître étrange de lire de la SF en écoutant Jimi Hendrix, mais une fois qu'on a lu les légendes arthuriennes de Chrétien de Troyes avec Autechre dans les oreilles, tout devient relatif.