Free: libre de payer

Voici une petite histoire divertissante.

Juin 2006: je déménage de Bordeaux à Versailles pour un stage de 4 mois. Ma santé mentale et mon bien-être étant directement liés à l'accès à Internet, et étant très satisfait de mon abonnement bordelais à Free, je décide de tirer profit de deux propositions trouvées sur leur site internet: le déménagement de la ligne, et l'ouverture d'une connexion ADSL sans ouverture de ligne par France Télécom au préalable. Ce type d'ouverture peut impliquer cependant, d'après le site, des "délais supplémentaires". Ayant eu accès à internet en 3 ou 4 semaines à Bordeaux, je tente l'aventure. Je me dis que quatre mois plus tard, quand je devrai revenir à Bordeaux, j'effectuerai un second déménagement de ligne; et que donc même si je n'ai internet que pour les deux derniers mois par exemple, c'est toujours ça de pris.
Le temps de trouver un logement, de déménager, etc, je m'inscris le 19 juin 2006. Je reçois aussitôt un mail de confirmation de réception de mon dossier. J'envoie par la poste mon RIB et le formulaire de déménagement de ligne de Free. J'ai alors avec moi à Versailles mon ancienne Freebox.

Quelques semaines plus tard: aucune nouvelle de Free. J'appelle plusieurs fois la ligne surtaxée de Free pour avoir des renseignements, en vain. Aucun moyen de connaître l'avancement de ma
commande, et je n'ai reçu aucun mail de Free m'indiquant des identifiants de compte, ou une quelconque page me présentant un suivi.

Aout: Au cours d'un de mes nombreux coups de fils à la hotline, j'apprends des choses:

Moi: Comment je fais pour connaître mon suivi? J'ai fait un déménagement de ligne, mais je n'ai accès qu'à mon ancien compte, à Bordeaux.
Lui: Quand vous recevrez un mail avec vos identifiants, vous aurez un nouveau compte. Et puis de toute façon, le déménagement de ligne n'est pas possible quand on passe d'une connexion ADSL sur ligne France Telecom [comme à Bordeaux] à une connexion directe [comme demandé à Versailles].
Moi: Quoi??? C'est nouveau?
Lui: Non.
Moi: Ce n'est marqué nulle part sur votre site internet!
Lui: ...

J'annule mon compte à Bordeaux, mais attends un peu pour renvoyer la Freebox (les conditions générales de vente de Free indiquent que l'on dispose de 15 jours pour la renvoyer), dans l'espoir fou que ma connexion sera disponible d'ici là et que je pourrai utilise la vieille Freebox en attendant la nouvelle. Quelques jours après la résiliation, sur mon interface Free de Bordeaux, apparaît un gros message en rouge m'indiquant que si je ne renvoie pas la Freebox, je devrai payer 400€. Alors que les CGV parlent de 150€. J'appelle la hotline, on me dit que c'est "une erreur". Une erreur qui sert sans doute de façon généralisée à terrifier le quidam. Une pratique à coup sûr légale. Je renvoie ma Freebox.

5 septembre: Coup de fil de France Télécom, qui veut rendez-vous pour connecter la ligne téléphonique pour le compte de Free.

Moi: C'est pas trop tôt.
Elle: Mais vous ne comprenez pas, c'est de la faute de Free. Nous n'avons eu votre dossier que très récemment.
Moi: Bien sûr.
Elle: Oui, regardez, nous avons reçu votre dossier le 1 Aout.
Moi: Et vous avez mis 5 semaines pour composer mon numéro?
Elle: ...
Elle encore: Donc nous allons prendre rendez-vous, le 21 septembre.
Moi: dans 2 semaines??
Elle: Entre 9h et 11h ça vous va?
Moi: Non, je travaille.
Elle: et 15h-17h? C'est le plus tard possible.
Moi: Oui, je travaille aussi. Je travaille comme qui dirait toute la journée. Vous ne pouvez pas plus tard? Ou le samedi?
Elle: Non.

Finalement ma moitié a heureusement pu être là le 21 septembre au matin et recevoir le type. Au passage, bravo à Free pour avoir mis aussi 5 semaines à faire une demande à France Télécom.

Le 29 septembre, je redéménageais à Bordeaux.

Bien sûr, durant tout l'été j'ai essayé d'annuler de nombreuses fois ma demande auprès de la hotline de Free, où l'on me disait que c'était impossible étant donné que la demande était en cours, et que je n'avais même pas encore de compte à annuler (je n'avais toujours pas reçu le moindre mail de Free depuis le mail automatique à l'inscription). Des dizaines d'euros passent dans les appels à la hotline (0,34c/min, avec au minimum 10min d'attente à chaque appel).

Courant Octobre: je reçois un mail de Free me demandant de tester la tonalité de ma ligne, et qu'en cas de non-réponse de ma part, Free me contacterait. Bien sûr, à l'époque je suis à Bordeaux, et j'ai même déjà repris un autre abonnement chez Free à cette adresse (qui m'a valu d'autres péripéties). Je n'ai jamais reçu aucun coup de téléphone de Free ou mail faisant suite à ce message.

On en arrive à ce 26 juin 2007. Exactement UN AN ET UNE SEMAINE après mon inscription, je reçois un mail de Free m'indiquant que mon compte est ouvert et ma ligne connectée. J'ai entre-temps eu le temps de déménager deux fois. N'habitant plus à l'adresse indiquée depuis 8 mois, UPS qui est chargé de la livraison du colis me cherche désespérément à mon ancienne adresse.

Quelle est donc la situation pour moi? Une ligne est connectée à Internet dans un logement où je ne réside pas. Si le locataire actuel a un modem, il pourra se connecter à mon nom, gratuitement, et je suppose que tout délit qu'il pourrait commettre serait également pour ma pomme.
Je vais devoir résilier cet abonnement qui a mis 53 semaines à venir, dès le premier mois, ce qui va me coûter le premier mois (30€) et les frais de résiliation (90€). Mon plan originel misait sur un déménagement de ligne en octobre 2006 pour éviter cette résiliation. J'avoue ne pas avoir pensé que les "délais supplémentaires" signifaient en fait environ 380 jours.

Aujourd'hui, l'incompétence misérable de Free me coûte, à moi, leur client, 120€. 120€ qui ne correspondent à rien, à aucun service rendu, à rien de ce à quoi je m'étais engagé en acceptant l'inscription. Je vais devoir payer maintenant pour ne pas payer 30€ par mois pour une connexion ouverte dans un appartement où je n'habite plus depuis 9 mois. Une taxe incompétence Free, qui ne compte pas les coûts outrageux de hotline.

Un peu de divertissement que diable! mais qui fait quand même peur.

Le célèbre Dr. Boyon a porté à mon attention le règlement intérieur de l'Université Bob Jones, aux USA. N'ayant pas de critère d'éducation ni de diplôme commun au niveau fédéral, s'appelle outre-atlantique "Université" un peu tout ceux qui le veulent. Bob Jones, fondée par un certain Bob Jones, dirigée de nos jours par Bob Jones III, est par excellence l'école de la droite chrétienne ultra-conservatrice, où la Bible et son interprétation très stricte remplacent à peu près tous les manuels scolaires. Cela en fait une excellente source de recrutement pour l'administration Bush, incidemment.
Penchons-nous, pour rigoler un peu, sur ce règlement intérieur. En voici quelques extraits, généreusement traduits par ma pomme, ainsi que d'autres anecdotes réjouissantes:

  • Du guide remis aux étudiants à l'entrée:

La loyauté envers Christ implique de vivre séparément. La malhonnêteté, les comportements obscènes, les comportements sensuels, l'adultère, l'homosexualité, tout forme de perversion sexuelle, la pornographie, l'usage de drogue, l'état d'ébriété -- tout cela est clairement condamné par la parole de Dieu et donc interdit ici.

  • Sont causes d'expulsion immédiate: relations sexuelles entre étudiants non mariés, participation à une manifestation pour une cause désapprouvée par l'université, etc.
  • Sont interdits: les lecteurs DVDs, les posters de films, aller au cinéma, voir un film non noté "tous publics" (ce qui aux USA est très difficile, par exemple Shrek n'est pas recommandé aux enfants), écouter de la country, du jazz, du rock, du rap ou même du "rock chrétien", danser, avoir des habits Abercrombie, avoir les cheveux teints, rasés, en épis, avoir une moustache ou de la barbe, avoir (pour les hommes) des colliers ou des bracelets, avoir (pour les femmes) une coupe de cheveux masculine ou une jupe montant plus haut que le bas du genou
  • Sont obligatoires: les messes, les cours, les célébrations du dimanche, les vêpres, les conférences sur la Bible, la messe du soir.
  • En 2000 a été levée l'interdiction pour des étudiants de races différentes d'avoir un rendez-vous galant, instaurée dans les années 50. Cette interdiction était justifiée ainsi: si Dieu nous a créé différents, c'est qu'il y a une raison.
  • Les noirs peuvent intégrer Bob Jones depuis 1971, pour des raisons d'évasion fiscale. Avant, dans les années 60, Bob Jones Sr. soutenait que Dieu avait créé la ségrégation raciale et qu'aller contre le ségrégation était aller contre Dieu.
  • Le fondateur de Bob Jones, Bob Jones Sr, disait du catholicisme que c'est "une contrefaçon satanique, une tyrannie ecclésiastique sur les âmes des hommes... c'est la vieille prostituée du livre des Révélations - 'la Mère des Prostituées'." Tous les papes seraient "possédés par le diable".
  • Bob Jones a une résidence étudiante nommée en l'honneur de Bibb Graves, un copain de Bob Jones Sr., gouverneur de l'Alabama, aide financière et politique de l'université, et accessoirement président d'un chapitre du Ku Klux Klan
  • George W. Bush va régulièrement y faire des discours, surtout en période de campagne présidentielle.
Tout ce bonheur pour à peine $15 000 par an!

Pour continuer à faire peur.

On ne sort jamais indemne d'une lecture ou relecture de l'excellent et terrifiant 1984 de George Orwell. Ecrit en 1949, 1984 a des allures de gigantesque avertissement semi-prophétique par lequel, si l'on est courageux, on peut interpréter grand nombre de phénomènes et évènements se déroulant de nos jours dans le monde. La société qui y est décrite semble être celle vers laquelle tend tout régime ou pays assuré d'un grand pouvoir. Des mécaniques qui paraissent inexorables, vers lesquelles on se sent poussé malgré soi.
Certes, le roman avait été pensé dans un cadre où l'on avait le régime communiste encore en vigueur en URSS, et aussi comme récent modèle la dictature fasciste. En lisant 1984, on essaie désespérément de repousser le Parti d'Oceania à ces monstruosités du passé, d'interpréter le livre comme un présent alternatif terrifiant, s'appuyant sur l'hypothèse que l'une d'elles aurait survécu. Et pourtant, inexorablement, au fil des pages, les idées, les thèmes, les concepts, font écho à nos sociétés actuelles dans ce qu'elles ont de plus dangereux et de plus insidueux.

Est-ce faire preuve d'un esprit mal placé ou grotesque que de voir surgir entre les lignes l'Amérique de Bush?
Qui contrôle le présent contrôle le passé. Qui contrôle le passé contrôle l'avenir. La société de 1984 possède son grand ministère de propagande et de mensonges, le Ministère de la Vérité. Le mensonge comme raison d'Etat, comme source même de la pérénnité du système, de pair avec la guerre perpétuelle.
Eisenhower, en quittant le bureau ovale au lendemain de la seconde Guerre Mondiale, avait mis en garde ses compatriotes: les USA s'étaient doté d'une machine de guerre surpuissante, un complexe militaro-industriel qui devait être démantelé sous peine de devenir incontrôlable. Il n'a pas été écouté. Depuis, les USA ont été en conflit quasi permanent (cet article de Wikipedia pour te convaincre); comme la guerre perpétuelle dans 1984, le conflit est un moyen de continuer à faire tourner son industrie des armes, qui emploie une proportion démesurée de la population. Ces guerres sont toujours au loin; on détruit des pays à l'autre bout du globe, et à l'intérieur la seule conséquence est une embellie des industries de l'armement qui ont planifié toute la chose.
Pour la faire passer, il faut donner une bonne raison au peuple: les soldats de Saddam Hussein, en 1990, jetaient les bébés des couveuses au Koweit, pleura une jeune fille à l'ONU. Le monde s'indigne, on prépare la guerre. La jeune fille en question était la fille de l'ambassadeur du Koweit, et son témoignage était entièrement faux; qu'importe, personne ne le sait, et les américains, toujours soucieux de réécrire leur histoire sous le meilleur jour, utilisent toujours l'anecdote comme étant véridique dans leur transcription des faits. Qui contrôle le présent contrôle le passé. Qui contrôle le passé contrôle l'avenir.
Pour la dernière guerre en Irak, Bush fils raconte comment Saddam Hussein décapite tout le monde; comment il possède des armes de destruction massive qu'il s'apprête, d'une façon mystérieuse, à déchaîner sur le territoire américain; et que Saddam Hussein et Bin Laden travaillent main dans la main, comme pour le 11 septembre. Le monde entier savait pertinemment à l'époque que tout était faux; et pourtant encore maintenant la majorité des américains y croit encore.
Qui contrôle le présent contrôle le passé. Qui contrôle le passé contrôle l'avenir. Saddam Hussein est notre ennemi; il a donc toujours été notre ennemi. Ceux qui ont asséné jour et nuit pendant des mois et des mois ces déclarations étaient les mêmes qui étaient tout contents de vendre des armes à Hussein dans les années 80 pendant la guerre Iran-Irak. Voir la photo ci-contre de Donald Rumsfeld, architecte de la guerre en Irak, qui n'avait pas l'air aussi indigné à l'époque.
Il y a une scène formidable dans 1984 qui se déroule pendant la Semaine de la Haine, dans laquelle au cours d'une grand-messe destinée à exciter les foules contre l'ennemi de toujours, l'Eurasie, l'adversaire change brusquement sans que le peuple ne s'en rende compte. Un peu comme les américains ont basculé de l'arch-ennemi Bin Laden à Saddam Hussein avec une facilité extrème, sans qu'on leur apporte de preuve de lien entre les deux, autre que les mensonges officiels.

Dans le livre, le terrible O'Brien assure que l'on ne peut être que libre ou heureux; et que pour le Bien commun c'est le bonheur qui a été choisi; un bonheur très contrôlé et bien délimité. Combien de libertés sont de nos jours confisquées au nom de la sécurité, de la protection du peuple?
D'après Bush, les écoutes téléphoniques sans mandat sont légales, puisqu'elles participent au bonheur de la Nation en tentant de détecter les terroristes. On se rappelle de l'histoire du français (pas finaud, certes) qui avait été emprisonné et avait dû plaider coupable pour avoir dit le mot "bombe" à bord d'un avion américain. Il faut se tenir à carreau pour ne pas être pris pour un terroriste.
Un professeur d'art nommé Hasan Elahi s'était fait prendre pour un terroriste par le FBI il y a 5 ans; maintenant, il doit appeler le FBI avant de prendre l'avion pour être sûr de ne pas se faire arrêter à l'aéroport, et il poste sur son site ses moindres faits et gestes, ainsi que sa position exacte à tout instant.

Mais l'Amérique n'a pas le monopole en ce qui concerne l'application de 1984. Le Royaume-Uni a récemment mis au point une caméra qui scrute la rue, et rappelle verbalement les citoyens à l'ordre quand ils jettent un papier par terre ou qu'ils n'écrasent pas correctement leur cigarette. A la surveillance totale et constante à laquelle sont habitués nos amis outre-Manche s'ajoute le plaisir de l'humiliation publique et gratuite par un fonctionnaire de police tout-puissant qui a le droit de distribuer les bons et mauvais points du confort de sa chaise, devant son micro et son écran télé.
En 1949, Orwell avait imaginé le telécran, sorte de télévision, impossible à éteindre, dont le son ne peut être coupé, et qui sert en même temps de caméra de surveillance, parfois invectivant de vive voix les contrevenants. On y arrive gentiment.

Je vais arrêter là dans mes divagations folles basées sur 1984. Toujours reste-t-il que ce livre recelle un pouvoir, une force extraordinaire, qui attrapent le lecteur dès la première ligne, et le recrachent désemparé à la dernière.

Et pour la petite histoire, l'image de ce post n'est pas une couverture de 1984, c'est un poster datant de 2002, affiché à Londres, censé rassurer les habitants qu'un nouveau système de surveillance allait leur apporter la sécurité.

Procès.

On connaissait les fameux procès intentés outratlantiques par les majors de la musique et les lobbys d'Hollywood contre la personne lambda qui a eu le malheur de télécharger un jour un mp3 ou un film (et même parfois pas, ainsi des actions ont été menées contre des morts, des handicapés n'ayant pas d'ordinateurs, des enfants de 7ans, etc). Jaloux, qu'ils étaient, nos petits lobbys franchouillards. Il a fallu alors se doter de l'absurde et inapplicable loi DADVSI sur les droits d'auteurs qui a mené hier la Société civile des producteurs de phonogramme en France (SPPF) à attaquer en justice, parmi d'autres, Azureus.
Azureus est un logiciel permettant d'échanger des fichiers entre ordinateurs en utilisant le protocole Bittorrent, qui a par ailleurs fait des accords avec des studios pour proposer des vidéos à la demande par ce biais. Or, la SPPF demande 16,6 millions d'euros à Azureus, car ce logiciel servirait à faire véhiculer des contenus protégés par la loi sur les droits d'auteur. Qu'importe qu'il serve à piloter le système VOD susmentionné! Peu importe qu'il soit utilisé pour échanger des données parfaitement légalement, comme par exemple les distributions Linux, qui sont obligées d'utiliser le réseau Bittorrent pour éviter de saturer ses serveurs! Peu importe que l'on puisse échanger ses propres fichiers personnels! L'outil d'échange est apparemment responsable.
Pourquoi ne pas attaquer Microsoft? Quand une image est reproduite sur un site, alors que ce site n'a pas l'autorisation nécessaire, Internet Explorer participe au même titre à l'échange de fichiers protégés par les droits d'auteur. Pourquoi ne pas attaquer les fabricants de CD vierges? D'après une étude lue récemment, l'échange entre personnes physiques de CDs gravés représenterait 37% du piratage de la musique dans le monde. Pourquoi ne pas attaquer ceux qui vendent des couteaux, sous prétexte qu'ils peuvent être utilisé à des fins criminelles?
La loi DADVSI estime en effet qu'est attaquable tout logiciel "manifestement" destiné à l'échange de fichiers illégaux. A l'appréciation, évidemment d'un juge, qui, droit sorti de l'ENM, y a reçu bien évidemment une formation poussée sur les différents protocoles d'échanges de fichiers à travers un réseau, et qui est très informé des problématiques de gestion de serveurs centraux face à une distribution distribuée et décentralisée telle que proposée par Bittorrent. Ce juge saura alors mieux que les créateurs du logiciel eux-mêmes pourquoi ils ont développé le susnommé.
En tous cas ce procès va faire une belle jambe à Azureus, qui n'a aucune activité en France, ni aucune prétention à une activité en France.

A l'assaut de la Raison

Al Gore était récemment invité chez l'excellent Jon Stewart pour présenter son nouveau livre, dénonçant aux USA les assauts perpétrés à l'encontre de la Raison. Les exemples sont innombrables, aux mensonges ayant mené à la guerre en Irak à ceux niant le réchauffement climatique à des fins économiques (à ce propos il est intéressant de noter que Bush, qui avait la semaine dernière annoncé à grand fracas la réduction d'émission de CO2 aux USA, s'est farouchement opposé à tout chiffrage et calendrier au G8 à ce sujet).

Il est un autre exemple, pour moi le symbole d'une imposture intellectuelle, dont j'ai déjà parlé: la croyance ferme d'une proportion énorme d'américains en la création du monde selon des termes bibliques. Le symbole va bien, merci. Le musée du Créationisme a ouvert ses portes cette semaine.
Apparemment, avant le péché originel, les vélociraptors aimaient brouter à côté d'Eve. Eve qui est toute habillée, malgré le fait que selon la Genèse une fois la pomme croquée, elle se rend compte qu'avec son homme, ils sont nus; c'est sans doute la première fois que je vois censurer la Bible.

Tout cela fait peur, mais pas assez. Il y a mieux: les candidats républicains à la candidature pour la course à la Maison Blanche. Des débats sont organisés régulièrement à la télévision, et lorsqu'on leur demande qui ne croit pas en l'évolution, plusieurs lèvent la main. Bienvenue au XXIe siècle.

Par exemple, prenons Sam Brownback, sénateur du Kansas. Sentant probablement le désavantage d'être républicain et de s'appeler dos marron, Brownback se rachète en était l'un des opposants à l'évolution. Voici ce qu'il a à dire sur le sujet:

Bien qu'il ne faille négliger aucune piste pour déterminer la nature des origines de l'homme, nous pouvons dire avec conviction que nous en connaissons avec certitude au moins en partie la réponse. L'homme n'était pas un accident et reflète une image unique dans l'ordre qui a été créé. Les aspects de la théorie de l'évolution qui sont compatibles avec cette vérité sont une addition bienvenue au savoir humain. Ceux qui contredisent cette vérité doivent cependant être fermement rejetés, n'était qu'une théologie athéiste se faisant passer pour science.


Jolie démonstration logique. Si tu es d'accord avec moi, c'est vraiment que j'ai raison. Si tu n'es pas d'accord, tu as tort. Vite, Brownback président!
Chez ses supporters, même chose:

C'est plus qu'une coïncidence qu'une vaste majorité des citoyens de ce grand pays croit en Dieu et que nous sommes, de quasiment toutes les manières possibles, la plus grande nation sur Terre. Dieu a béni cette nation et continuera à bénir cette nation tant que l'on placera ce grand pays sous le contrôle de représentants craignant Dieu.


Le même homme, dans un autre article, affirme que Dieu est le seul à comprendre la force gravitationnelle, et que cette force ne peut évoluer, et que la gravité est par conséquent preuve de l'existence de Dieu. Il conclut son billet ainsi:

La croyance en Dieu enseignée dans les écoles va améliorer la discipline de nos enfants à l'école, et par conséquent encourager notre économie. La croyance raisonnable que la gravité doit venir d'un "Concepteur Intelligent" est tout à fait le type de miracle dont l'Amérique a besoin.


Alléluhia.

Je te laisse méditer sur cette pensée: le plus effrayant n'est pas que certaines personnes pensent tout cela. C'est leur droit. Le pire, c'est que ces positions sont revendiquées comme un argument de campagne, pour s'attirer des votes.
C'est que ces positions trouvent un écho dans la population américaine.

Dieu nous garde.