Brèves considérations politiques

Les palpitations de l'entredéchirement du PS finies, force est de constater que la campagne présidentielles devient fortement ennuyeuse. Certes, les médias continuent chaque jour de publier le même sondage inutile où chacun bat successivement l'autre de 1 ou 2%. Certes, Sarkozy et Royal s'affichent partout, même l'odieux pointe son oeil.

Et pourtant, rien ne se passe. A l'UMP, on attend sagement la fin des pseudos-débats internes, et la campagne de Sarkozy semble s'axer entièrement sur le mot rupture. Faut-il dire rupture? Est-ce trop fort? Faut-il neutraliser rupture par un antonyme? Le résultat de ces cogitations est pour l'instant la rupture tranquille, mélange de révolution et d'immobilisme à la sonorité mitterrandienne, expression à la fois vide et absurde.

Du côté Royal, c'est le train train quotidien des phrases générales qui sont forcément consensuelles faute de sens. "Avec vous, je veux construire la France qui se bat et la France qui se relève!". "L'Etat, non seulement, peut servir à quelque chose, mais doit servir à quelque chose. Et la puissance publique doit assumer ses responsabilités." Ne parlons pas du "A vos sacs à dos!" maintenant ancien.
Elle soutient également que
"depuis cinq ans, c'est la brutalité, la rupture, la précarité"; et c'est vrai qu'il y a cinq ans, tout allait si bien que les français ont pris la décision de plus voter pour le FN que pour celui qui pilotait à l'époque.

Au moins pour nous divertir il y a toujours l'extrême-gauche. C'est le seul côté de l'échiquier politique qui va finir avec plus de candidats que d'adhérents.

Des groupes dont tu n'as jamais entendu parler I

Force est de constater que tu n'y connais rien en musique, à part Obispo et l'autre, celui qui est misérable et qui n'a pas les moyens de payer ses impôts en France.
Tu te sens niais et tu veux étendre radicalement tes horizons musicaux? Tu veux être sûr que tu es le seul de ta ville ou de ta région à écouter un artiste précis?
N'aie crainte.

Commençons par la Scandinavie. Contrairement à ce que l'on pense, les scandinaves ne passent pas leur temps à avoir des cheveux blonds et des yeux bleus; parfois, ils décident aussi de faire de la musique.
Pour une pop légère avec des mélodies entraînantes, cherche du côté de Komeda. Tout aussi suédois, mais dans un autre registre, il y a aussi Bob Hund, qui délivre un petit rock nerveux, bizarre, rapide, fragile, avec un sens de la mélodie très particulier et un son caractéristique. Un norvégien plus connu mais non moins méritant est bien sûr Sondre Lerche, ainsi que souligné dans le blog de ma demoiselle.

Pour quelque chose de peut-être plus chaleureux, si une chanson te semble chaleureuse lorsque tu as l'impression qu'un tas de types saouls chantent dans un cabaret, il y a Man Man, festif, noir, entraînant. Sinon, pour un rock orienté blues et low-fi (ça fait bien de ressortir cette expression de temps en temps), opter pour RailRoad Jerk et White Hassle (qui sont à peu près les mêmes types).

Trichons un peu, et considérons un artiste que tu connais forcément mais pas assez, Roger Glover. Quelque part dans les années 70, ce bonhomme, par ailleurs bassiste de Deep Purple, ce qui est moins intéressant, a écrit la chanson Love is All, que fatalement tu as déjà entendue quelque part. Or, il a été prouvé scientifiquement que si tu l'as entendue, tu l'as aussitôt aimée et tu t'en souviens. Les plus cultivés ou vieux associeront cette chanson à une sorte de dessin animé avec une sauterelle ou un machin comme ça. Or, à l'époque, on avait commandé à Glover toute une chiée de telles chansons, pour un long métrage complet, qui finalement n'a jamais vu le jour. En résulte l'excellent album Butterfly Ball, qu'il faut écouter.

Plus du côté rock/pop -- les bien-pensants décrivent maintenant ce genre d'artiste comme "songwriter", comme si cela expliquait tout --, il y a l'album d'A.C. Newman, The Slow Wonder. Des mélodies immédiatement appréciables, simples et très bien ficelées, qui supportent avec aisance la répétition compulsive.

Tout en rédigeant ceci j'ai par ailleurs fait la découverte d'un artiste qui s'est révélé être français, Spleen, à travers son album She was a girl. C'est un astucieux mélange de pop, hip hop, rnb, jamais répétitif, toujours inventif, qui n'est pas sans me rappeler Outkast en peut-être plus doux. Je crois que j'ai enfin, enfin trouvé un artiste français de hip hop/ rnb qui a du talent. Je ne cherchais plus.

Le premier volet des Groupes dont tu n'as jamais entendu parler arrive à son terme. Tu as de quoi faire. Et souvenez-vous, télécharger illégalement de la musique c'est comme arracher le sac d'une petite vieille.

France against le bon usage de la langue française

Réagissant à ce post émanant de ma chère et tendre, je dois me joindre à son appel, et pour cela faire bien malgré moi honneur aux prouesses verbales d'un utilisateur de last.fm décidément polémique contre Nicolas Sarkozy.
Ce dernier est en effet l'auteur de peu de messages certes, mais qui sont comme des textes sacrés: plus on s'y replonge, plus on découvre de facettes inexplorées, de couches de sens insoupçonnées.
Voici, avant plus ample analyse, des extraits des deux interventions susmentionnées:
[...]
Sinon pas mal de gens vont peut être mécontent mais y'auras rien de semblable aux manif contre lepen et c'est bien dommage.
En cas de victoire de sarkozy je reve de pouvoir faire de grandes banderoles 5m par 5m avec par exemple la photo du blog, pour les afficher sur des murs de la ville ou de la fac.
Mais me laisserat-on faire...surement pas et je pense mais que certains trouverons ça débile.

[...]
C'est passage à la télé sont un calvaire tellement il est fort dans ce domaine. Sons sourire narquois et toute les allusions qu'il lance sont insuportables.
On a l'impression qu'il se sent supérieur et qu'il se croit être le seul a connaitre la vérité absolu.Pendez-le.

On voit dès le premier abord que la densité de fautes de grammaire et d'orthographe force le respect. "C'est passage" à lui seul témoigne d'un manque total de compréhension de la structure d'une phrase, de la nature grammaticale différente des blocs basiques de notre langue, et de l'échec monumental de l'Education Nationale.
A ce propos, toute une génération de jeunes gens va bientôt atteindre la maturité et semble incapable de s'exprimer ou d'écrire une pensée cohérente d'une manière corroborant avec au moins une ou deux règles de la langue française. En cas de doute, compulser le très riche catalogue de skyblog. J'en entends même certains, constatant ce fait, appeler à simplifier l'orthographe et la grammaire, et ainsi en quelque sorte se plier à la médiocrité. A quoi servent les mots puisque l'on peut tout écrire d'une façon vaguement phonétique? Supprimons les consonnes doublées, rajoutons des K par milliers, et au diable les lettres muettes. Sans compter tous ces mots redondants et inutiles; pourquoi utiliser délicieux, exquis, savoureux, goûtu, excellent, etc, quand on peut juste dire "bon"?
La richesse de la langue permet la richesse de la pensée. La richesse de la grammaire permet la nuance et l'argumentation. Appauvrir la langue c'est appauvrir notre capacité à nous exprimer, à nous comprendre, et à penser par nous-mêmes. Lire 1984 de George Orwell pour ceux qui n'ont pas encore peur.
Au train où vont les choses, si les jeunes analphabètes prennent le pouvoir, il faudra lire les mémoires de Patrick Sébastien en phonétique.

Enfin, pour en revenir à notre Miklitov, je reconnais que c'est un procès injuste que je fais là à un homme dont les convictions politiques sont telles qu'il est prêt, en cas de défaite électorale de son camp, à aller jusqu'à coller des affiches! Le laissera-t-on faire? Sûrement pas, et après je ne suis pas très bien.

Sinon, que Sarkozy ne s'émeuve pas qu'on veuille le pendre. Il est second sur la liste, le drôle ayant indiqué lors d'une autre intervention qu'il fallait également tuer le pape afin de rétablir la paix planétaire.

Avant de clore ce petit mot, je te laisse savourer à nouveau:
Mais me laisserat-on faire...surement pas et je pense mais que certains trouverons ça débile.
C'est merveilleux, on dirait le résultat d'une traduction mot à mot d'une phrase allemande par Google. Il y a des mots, on a bien l'impression qu'il y avait l'intention de produire une phrase cohérente à un moment donné, mais en fait non.

Errances sur internet.

Internet est ce lieu magique où l'on peut trouver tout aussi bien les doggy steps que la chute perpétuelle de Bush, ou encore le fameux musée des toilettes, ou, plus instructif, la liste des arguments fallacieux qui, à bien réfléchir, semble être le centre de référence de tout politique qui se respecte.

Mais c'est également l'occasion de consulter des endroits beaucoup plus sérieux, comme le crucial site que m'a soumis une source sûre de sites internet pertinents: le blog de Nikos Aliagas. Car l'homme n'est pas seulement celui qui peut prétendre être sans doute le plus mauvais présentateur du monde (excluons Cauet et Dechavanne un instant), assurant la promotion de la star academy, ce non-sens musical où l'on ressort de vieilles chansons connues pour que les maisons de disques, une larme coulant sur le visage pour pleurer la mort du CD, puissent continuer à fourrer à deux mains l'argent dans leurs poches (des données édifiantes en bas de cette page). Incidemment, s'ils osent reprendre Brel, je pose des bombes.

Non, Nikos est plus qu'un présentateur. C'est un homme. C'est un philosophe. C'est un penseur. Voici quelques morceaux choisis, avec fautes de grammaire originelles. Dans les 4 premières pages seulement, je n'avais pas le courage d'aller plus loin.
Il y a une génération décomplexée qui aspire à faire des choses, à suivre son bout de chemin. Y croire jusqu'au bout, quelques notes de musique dans la tête.
Les couchers du ciel de braise sont toujours exquis. J'en perds souvent la tête. Le soir sent des promesses éoliennes. Ceux qui savent ne parlent pas, ceux qui parlent n'ont jamais vraiment su. Café frappé pour frappé la torpeur athénienne.
La boussole du coeur toujours en place, loin des cyniques et des loosers de l'âme.
Le chemin est parfois sinueux et long, la tortue, impassible suit son sentier. Je suis battu parce que pressé. Comme un citron trop fait à 12 euros le verre sur une terrasse parisienne. Le sucre en poudre est de trop.
Je rate presque tous mes clichés, la voiture passe trop vite. Vroom !
Et il y a l’instant de vérité où conscience et dignité se regardent en pleine nuit, dans le miroir de son enfance.
Ose m'avancer que Nikos n'est pas le nouveau poète des temps modernes, la voix, le verbe de nos jours, celui qui devine nos passions et nos angoisses et les retranscrit presque légèrement dans une poignée de mots aériens et pourtant lourds de sens.
Ose seulement le dire.

Citations basiques pour le profane #2

Second volet des citations basiques qu'il faut connaître.

Du Retour du Jedi:

- Salopards de rebelles!

Ainsi que:
- Je sais pas, moi, vole l'air décontracté.

D'Indiana Jones et le Temple Maudit:
-Tu écoutes Demi-Lune, tu vis plus longtemps.

De Mars Attacks!:
- Ne courez pas. Nous sommes vos amis.

Dans Arrested Development, Tobias Funke, personnage médiocre et réprimant des tendances homosexuelles, se fait passer pour une gouvernante anglaise et cuisine pour sa famille (traduction libre):
- Et voici une saucisse dans la bouche... ah j'avais oublié que vous dans les Colonies les appeliez des "hot dogs" dans la bouche.
- On dit juste hot dogs.

De l'innénarrable Inspecteur Harry:
(Policier 1) - Il déteste tout le monde, surtout les étrangers.
(Policier 2) - Oui mais les mexicains?
(Dirty Harry) - Les pires de tous les Métèques.

De la Panthère Rose:
(Clouseau) - Porte que ceci?
(Majordome) - Porte que cela.

Dans L'aventure c'est l'aventure, Jacques Brel à son tortionnaire:
- Vous êtes un tigre de papier.

Du Bon, la Brute et le Truand:
(Eli Wallach, lisant un mot de Lee Van Cleef) - "A bientôt i... i... i..."
(Clint Eastwood) - "Idiots". C'est pour toi.

De Face/Off:
- Je veux arracher son visage.
- Plus de drogues pour cet homme.

Enfin, de Piège de Crystal:
- Neuf millions de terroristes dans le monde et il faut que je bute celui qui chausse plus petit que ma petite soeur.

Kikimeter

Alors que je regardais d'un oeil à la fois amusé et écoeuré une version vite téléchargée, pour voir la chose de mes propres yeux, et vite effacée, de Guts, le formidable magazine lancé par le très subtil et fin Cauet, je suis tombé sur l'annonce suivante:


Il y a tout d'abord l'idée amusante que la société derrière le 81900 va tirer d'énormes bénéfices pour un coût de production virtuellement nul, grâce à une foule d'adolescents pour qui la virilité se mesure en centimètres, avec la hantise que d'autres puissent les dépasser. Ensuite vient l'idée que tous ces gens, rongés par cette terreur viscérale de ne pas avoir le plus gargantuesque des attributs, vont frénétiquement et très sérieusement taper "zizi" sur leur portable.
Mention supplémentaire pour le comité marketing qui a pondu l'annonce et qui, après de nombreux débats, a choisi d'ajouter le dessin d'une banane, afin de dissiper toute ambiguité qu'aurait pu apporter le terme "zizi". Et puis le nom de ce formidable outil, Kikimeter, tient le tout en un ensemble cohérent et complet.

Cela dit, c'est sans doute l'une des annonces les plus tristes possibles. C'est d'autant plus misérable que vu le niveau abyssal du magazine en son ensemble, placer cette annonce ici est cohérent et sera rentable commercialement. Cauet, roi de la médiocrité vulgaire, gangrène un à un tous les médias (radio, télévision, presse...) et à chaque fois, aussi incroyable soit-il, il rencontre un vaste public. La France, pays des Lumières, n'est plus ce qu'elle était.


Mensonges Photographiques

Juste une petite note pour informer les gens n'ayant pas un sens aigu de l'observation (qui leur serait pourtant utile lors de l'imminente seconde apparition du Christ et l'Apocalypse afférente) qu'un nouveau lien est affiché dans le menu à droite.
Il s'agit de la résurrection de mon vieil album photo en ligne, à cela près que les photos sont loin d'y être toutes, mais j'y vais mollo, hein, parce que bon.
En conséquence, les galeries s'étofferont au fil du temps.
A noter que l'album est hébergé sur mon chez moi, et qu'ainsi sa disponibilité est tributaire de la bonne santé de ma machine.
Alors voilà: un tas d'images.

Debout sur le zinc

Vendredi dernier, grâce à la charité d'une âme juste et bonne, qui m'a légué sa roue avant de vélo, j'ai pu, mon billet à la main, pédaler jusqu'au concert de Debout sur le Zinc.
Tu ne connais peut-être pas ce groupe. C'est franchouillard, dans la lignée des Têtes Raides ou de La Tordue, avec de l'accordéon, de la trompette, de la contrebasse, et ce genre de choses bien de chez nous. Moi-même ne connaissais qu'un seul de leur albums, Des Singes et des Moutons, qui flattait assez mon oreille pour me décider d'assister à leur concert.
En première partie, débarque un freluquet du nom de Renan Luce (un breton, avec un nom pareil) et qui est monté pendant cette heure dans mon estime du statut d'inconnu à jeune homme talentueux. Particulièrement pour la toute dernière chanson post-rappel, où, seul à la guitare sèche, il a chanté la complainte d'un ex-mafieux qui a tout balancé et qui vit sous le programme de protection des témoins du FBI. Bien que ne reniant pas tabasser des gens ou les brûler vifs, le personnage n'est pas de marbre et tout son curieux pathos ressort dans le refrain quand Renan Luce lance un lancinant (répéter vite ces derniers mots): "Repentiiii/ J'ai trahiiiiii".
Bref. Débarque maintenant Debout sur le Zinc. Force est de constater que c'est ce que nous les initiés au jargon musical appelons un supergroup, avec:

  • Jean Dujardin/Paco, le frère de Tuco dans Le Bon, la Brute et le Truand: guitare et chant
  • Etienne Oudot, ancien camarade de classe maintenant pompier-pâtissier à Arbois: chant, violon, trompette
  • Daniel Prévost: accordéon
  • Hans Grüber de Piège de Cristal: batterie, claquettes
  • Bénabar: banjo, mandolline
  • Un clochard, avec rides, cernes, chemise ouverte et cheveux hirsutes: contrebasse, basse, et chouchou du public
  • Denis Podalydès: chant, clarinette
Avec tout cela, et malgré un public qui parfois méprenait la salle de concert avec son salon privé, Debout sur le Zinc a enchaîné les chansons joyeuses et légères, si bien qu'à la fin les gens du fond ont oublié de parler entre eux pour chanter et frapper des mains comme tout le monde.

Qu'en ressort-il de ce concert? Que la chanson française autrefois moribonde (parce que le choix entre Telephone et Indochine, merci) a décidément la patate, que le public a envie de voir ces groupes, et que les 30min de vélo au retour sont beaucoup plus longues au retour qu'à l'aller.

Prochaine étape: Emily Loizeau, le 16 décembre.