300.

Hier, j'ai regardé 300.
Tout d'abord: certaines images sont magnifiques, l'esthétique est travaillée.

Passons aux choses sérieuses. Le film s'ouvre sur l'arrivée d'un émissaire perse à Sparte; ce dernier étant noir, on apprend que l'empire perse s'étendait apparemment jusqu'en Afrique équatoriale. Il demande au roi de Sparte sa soumission à Xerxès. Le roi, qui aura dans tout le film du mal à s'exprimer sans crier à gorge déployée, le pousse alors, avec toute sa suite, dans un immense puits sans fond et sans rebord, de 20m de diamètre, judicieusement placé au bout de la route, à la sortie de la ville.
Le roi prend alors 299 de ses copains et va bloquer l'armée perse, forte de dizaines, de centaines de milliers de guerriers. Oui, parce que le roi perse, qui arrive par la mer, décide de débarquer avec son immense armée précisément au seul endroit en Grèce où il devra passer par une gorge étroite de 15m entourée par des falaises abruptes. Il a même amené des éléphants gigantesques, deux fois plus gros que les bateaux sur lesquels ils sont venus, et trois fois trop larges pour passer par ladite gorge. Ce n'est pas grave, parce que de toute façon, ces énormes bêtes qui font manifestement au moins 15m de haut prennent peur devant les quelques Spartiates avec des lances, et tombent dans la mer.
Revenons à nos 300 amis, et à un des aspects les plus pénibles de ce film: en effet, le spectateur se voit infliger constamment la vision d'une demi-douzaine au moins de pectoraux gonflés au dessus d'une double rangée saillante d'abdominaux rebondis et huilés. Parce que le guerrier spartiate part à la guerre en slip, avec une cape rouge, ce n'est pas moins de 2h de spectacle des torses rutilants de ces bibendums boursoufflés qui sont proposées.
Le torse bombé est de rigueur, mais il reste toujours immaculé. Là où l'ennemi a le mauvais goût d'exploser en une gerbe de sang à chaque fois qu'un Spartiate le touche, il a quand même assez de dignité pour diriger ce flux sanguin dans à peu près toutes les directions (d'où que vienne le coup fatal) sauf dans celle de son assaillant. Les Spartiates n'ont aucune goutte de sang sur eux, même criblés de flèches et mourant. Ca, c'est la classe.
Et oui: forcément, l'ennemi est laid, difforme, il est dépravé et a des divagations mégalomaniaques. Heureusement, il meurt très facilement. Son corps est plus mou qu'un corps normal: ainsi la pointe d'une lance spartiate en forme de harpon, n'a pas plus de mal à le traverser de part en part dans un sens que dans l'autre. C'est pratique, car le Spartiate n'est pas ralenti, et peut se consacrer à tuer d'autres ennemis.
Enfin, évidemment, comme dans tous les films d'Hollywood, il y a le parallèle moralisateur de propagande sur la grandeur de l'Amérique. Les Spartiates, ces braves guerriers, ces hommes virils et musclés, étaient des Américains préventifs. Tout y passe: pourquoi il faut se battre contre l'ennemi qui vient sur leurs terres, se battre pour leur liberté (concept très très en vue dans la Sparte antique); pourquoi il est honorable de mourir pour défendre ces idées; pourquoi il ne faut jamais battre en retraite même si leurs alliés, ces couards, abandonnent la partie; etc. Un des guerriers, qui perd son fils dans la bataille, explique dans un lapsus anachronique de choix que celui-ci est mort pour son pays, alors que le concept même de pays n'existait pas.
Mais bon, quand on n'a pas de scénario, il faut bien occuper les 2h du film avec quelque chose pendant que des membres perses ne volent pas en l'air.

Juste avant, j'avais vu Equilibrium, film d'anticipation avec ses bons moments, entièrement porté par cet excellent acteur qu'est Christian Bale.
Christian Bale est dérangeant; on sent, on lit sur son visage quelque chose de malsain et de caché. Ceux qui veulent vraiment en avoir peur peuvent regarder le Machiniste.
La plupart du film est composée de gros plans sur son visage fermé et inexpressif, et pourtant, dans ces images fixes, sans musique, d'un personnage qui subit une lutte intérieure sans pouvoir la montrer, il se passe plus de choses que dans tout le film 300 et ses ininterrompues scènes d'action.

Grève et guigne musicale.

Fièvre constestatrice, quand tu nous tiens! Le pays entier est secoué par les grèves. La SNCF et la RATP en sont à leur seconde vague: plus précisément, ces manifestations et les gares vides qui en découlent se produisent exactement les soirs où, mélomane, je dois assister à des concerts. Le mois dernier, c'est mon ticket d'Electric Soft Parade qui m'est resté dans les mains, et demain, ce sera celui pour Interpol et Blonde Redhead.
Les grévistes seraient-ils partisans d'une conspiration anti-culturelle, et pire, anti-moi? Bien sûr, officiellement ils refusent de travailler parce qu'ils trouvent totalement injuste de travailler autant et aussi longtemps que les autres, mais il y a certainement des motifs cachés. On ne nous dit pas tout.
Et puis c'est la mode, tout le monde s'y met cette semaine. L'éducation nationale, qui demande qu'on lui laisse des moyens; les étudiants, qui ont envie de bloquer leur fac parce que ça faisait un peu trop longtemps depuis le dernier blocage; et les buralistes, qui n'ont même plus le droit de laisser les gens se tuer en fumant chez eux.
C'est toujours étrange de voir ces petits monsieurs à la télévision, présidents de l'union de machin, porte-parole de la fédération de bidule, qui au nom de leur propre bien-être économique, viennent demander aux français de venir acheter et consommer leurs cigarettes, qui tuent 65000 personnes par an. Vous pensez bien, sinon ils vont acheter leurs cigarettes en Espagne! Gouvernement, fais quelque chose, il faut qu'ils viennent noircir leurs poumons chez nous, entre bons Français!
Les pauvres n'ont pas l'air convaincu par leur propres discours.
Une brève recherche sur Google indique qu'il y a en France 31 057 buralistes. Deux morts par point de vente par an, continuez les gars! La bonne nouvelle? Beaucoup de buralistes ferment: cela veut dire que statistiquement le rendement en cancéreux de chacun de ces sympathiques marchands va exploser!

En conclusion, je m'en remets à mes conclusions.


Arachnochèvre


Gimp, Google Images et du temps à perdre peuvent être des choses dangereuses.

Taxes, culture, et gredins.

Ca y est, le texte a été voté: dans quelques semaines, les joyeux consommateurs devront débourser 23€ de taxe supplémentaire sur les disques durs multimédia de plus de 400Go. Considérant qu'un tel composant coûte un peu plus de 100€, que nous vaut cette jolie augmentation de 25%? La copie privée, bien évidemment.
Quelle est donc ce merveilleux concept? Le voici: le consommateur, a priori, est un gros coupable. S'il achète un disque dur multimédia, des DVD vierges, ou une clé USB, c'est forcément pour y stocker illégalement des contenus dont il n'a pas acquitté les droits d'auteur. Forcément. C'est tellement une évidence qu'il faut prélever à la source une forte taxe, ce qui permettra de compenser les pertes assurées de l'industrie du disque et du cinéma.
Oui, toi, le quidam, qui stocke les photos de tes gamins sur des DVDs, tu donnes de l'argent gratuit à ces entreprises, pour ne pas qu'elles aient la douloureuse et pénible tâche de se remettre en question.
Car la loi est claire: tout consommateur a droit à la copie privée. Sauf si, évidemment, le support est protégé, ce qui représente virtuellement la totalité des DVDs vendus, et un grand nombre de CDs. Dans ce cas-là, le consommateur rejoint le milieu délictuel en faisant de la contrefaçon.
Passons. Le consommateur, disions-nous, a droit à la copie privée. Mais pour pouvoir jouir de ce droit collectivement, nous devons payer. Curieux concept de ce droit accessible contre monnaie sonnante et trébuchante, joli recyclage du concept de privilège. Aux riches la possibilité de copier les contenus multimédias qu'ils ont achetés à prix d'or! Cela s'appelle la spécificité culturelle, qui fait que nous la France, sommes si spéciaux.
Cette taxe est de plus préventive: qu'importe l'utilisation réelle, elle est prélevée. A quand la taxe sur les ciseaux? En effet, de nombreuses personnes sont vouées à courir en tenant des ciseaux, à trébucher, à se blesser, puis à aller se faire soigner à l'hôpital, creusant ainsi le trou de la Sécu.
Que cachent donc ces nouvelles taxes prélevées soi-disant pour nous permettre de copier pour un usage personnel ou familial un bien culturel dûment acquis? Ce droit, lui, n'est pas nouveau. C'est que depuis, les gens sont des pirates, des genres de monstres sanguinaires qui viennent égorger les petits musiciens dans leurs garages, sous les pleurs impuissants de leurs producteurs.

J'ai cherché comme je le fais régulièrement des magasins en ligne ayant une offre acceptable. Force est de constater que les sites douteux sont des distributeurs éminament plus doués, tant du point de vue de la diversité que de la qualité.
Je parle de la qualité du fichier numérique. La quasi-totalité des sites proposent de la musique en mp3, encodé à un bitrate lamentable, au même prix que le CD en boutique. Un peu comme si tu payais autant que pour un DVD, et qu'on te refilait une VHS. Ne parlons pas des nombreux sites qui ont encore des protections greffées inutilement aux fichiers musicaux: ayant Linux, je ne peux même pas les lire.
Le seul équivalent numérique du CD est le choix d'un format dit lossless, sans pertes, comme mon bien-aimé FLAC. C'est une copie 1:1 du contenu trouvé sur un CD. Alors forcément, les magasins qui les proposent se comptent sur les doigts d'une main: le but est que le consommateur achète plusieurs fois la même chose, en CD, et en mp3s.
Quant à la diversité de l'offre, c'est assez étonnant. De nombreux artistes sont tout simplement introuvables sur ces magasins.
Je ne parle même pas du prix, scandaleux vu les coûts réels pour les distributeurs.
En résumé, il est possible maintenant (comparé à il y a un an ou deux) d'acheter sa musique numérique en ligne, légalement. C'est juste très cher, de mauvaise qualité, et avec moins de choix. Un paradis pour les mélomanes.
Bien sûr, j'achète encore quelques CDs physiques des artistes que je veux encourager. Mais c'est un pur acte de mécénat. Un mécénat cruellement inefficace, vu qu'une infime partie de cet argent va aux susmentionnés artistes. Une fois acheté et sorti de son plastique, le CD est transformé en FLAC; l'objet est alors définitivement inutile, et est abandonné dans un coin d'où il ne ressortira jamais.

Incidemment, et sans aucun lien, Mininova est maintenant le 46e site mondial en terme de fréquentation.