Florent Pagny est un assassin.

J'ai toujours redouté, alors que saison après saison la Star Academy revient toujours, sans honte, sans complexe, qu'ils ne s'attaquent à Jacques Brel. Et bien non! C'est Florent Pagny qui y a pensé le premier.
Sur France2 ce soir, il présente une émission "Florent Pagny raconte Jacques Brel", dont j'ai regardé les cinq premières minutes, par courage et sans doute un peu de folie. Bien sûr, ce soit-disant hommage, faisant mine de raconter la vie du Grand Jacques, est en réalité une opération commerciale visant à faire vendre le nouvel album de reprises de Brel qu'a vomi Pagny dans les bacs.
Des images de la vie de Brel, une voix off qui parle d'un épisode de sa vie, et à quel point cela ressemble au type formidable qu'est Pagny: on coupe alors sur l'affreux, qui, ayant du mal à faire des phrases cohérentes, réussit quand même l'exploit de se comparer sans ciller à Brel. Dans son délire mégalomaniaque, et dépourvu de toute humilité, Pagny, le regard vide, la diction lente et difficile, tente de faire ricocher un peu de la grandeur de Brel sur sa personne.
Le ton était donné dès les premières images, avec des allers et retours entre des images d'archives montrant des devantures de salles de spectacles complètes arborant le nom de Jacques Brel, et Florent Pagny, descendant au ralenti les rangées vides d'une grande salle, comme un messie de la musique daignant descendre de son piédestal pour nous parler à nous, son public aimant, de la relation très intime qui le lie au défunt chanteur.
"Des grandes chansons, celui-là, il en a quand même alignées quelques-unes", commence-t-il sans rire.
Et puis, comme c'est avant tout de la promo, l'émission oublie complètement Brel pour montrer une reprise de Pagny: une reprise insipide, une voix sans âme, sans émotion; Pagny, raide comme un piquet, détruit la chanson, en prenant bien soin, toutes les 10 secondes, de lever bien haut les sourcils (pour montrer qu'il vit vraiment la chanson).
Il y a de ces artistes qui inspirent trop le respect pour qu'ils soient sortis de leur tombe et agités devant les caméras au nom de sa propre promotion. Brel en tête. Apparemment, Pagny pense différemment. Il considère qu'il est juste de se faire de l'argent en ternissant l'oeuvre de plus grand que lui. Et s'il pense sincèrement qu'il arrive ne serait-ce qu'à la cheville de Jacques Brel, il faudrait sérieusement qu'il réécoute Jacques Brel.
Mon indifférence envers Pagny s'étant muée en mépris, je peux maintenant remettre mon casque et redécouvrir avec plaisir Comment tuer l'amant de sa femme, quand on a été comme moi élevé dans la tradition.

  1. gravatar

    # by Anonyme - 16 décembre 2007 à 10:53:00 UTC+1

    Si vous n'avez pas aimé cette émission, c'est que vous ne comprenez rien à la musique! L'orchestration a été divine et le chant aussi!

  2. gravatar

    # by Barsanuphe - 16 décembre 2007 à 11:37:00 UTC+1

    Je prendrai ceci comme de l'humour au second degré.

  3. gravatar

    # by O M - 16 décembre 2007 à 12:21:00 UTC+1

    j'aime l'argumentation de notre nouvel ami "dide", particulièrement soignée et développée, et un peu comme les "tu penses pas comme moi donc t'es un nazi" qu'on entend beaucoup à la fac ces temps-ci.