Taxes, culture, et gredins.

Ca y est, le texte a été voté: dans quelques semaines, les joyeux consommateurs devront débourser 23€ de taxe supplémentaire sur les disques durs multimédia de plus de 400Go. Considérant qu'un tel composant coûte un peu plus de 100€, que nous vaut cette jolie augmentation de 25%? La copie privée, bien évidemment.
Quelle est donc ce merveilleux concept? Le voici: le consommateur, a priori, est un gros coupable. S'il achète un disque dur multimédia, des DVD vierges, ou une clé USB, c'est forcément pour y stocker illégalement des contenus dont il n'a pas acquitté les droits d'auteur. Forcément. C'est tellement une évidence qu'il faut prélever à la source une forte taxe, ce qui permettra de compenser les pertes assurées de l'industrie du disque et du cinéma.
Oui, toi, le quidam, qui stocke les photos de tes gamins sur des DVDs, tu donnes de l'argent gratuit à ces entreprises, pour ne pas qu'elles aient la douloureuse et pénible tâche de se remettre en question.
Car la loi est claire: tout consommateur a droit à la copie privée. Sauf si, évidemment, le support est protégé, ce qui représente virtuellement la totalité des DVDs vendus, et un grand nombre de CDs. Dans ce cas-là, le consommateur rejoint le milieu délictuel en faisant de la contrefaçon.
Passons. Le consommateur, disions-nous, a droit à la copie privée. Mais pour pouvoir jouir de ce droit collectivement, nous devons payer. Curieux concept de ce droit accessible contre monnaie sonnante et trébuchante, joli recyclage du concept de privilège. Aux riches la possibilité de copier les contenus multimédias qu'ils ont achetés à prix d'or! Cela s'appelle la spécificité culturelle, qui fait que nous la France, sommes si spéciaux.
Cette taxe est de plus préventive: qu'importe l'utilisation réelle, elle est prélevée. A quand la taxe sur les ciseaux? En effet, de nombreuses personnes sont vouées à courir en tenant des ciseaux, à trébucher, à se blesser, puis à aller se faire soigner à l'hôpital, creusant ainsi le trou de la Sécu.
Que cachent donc ces nouvelles taxes prélevées soi-disant pour nous permettre de copier pour un usage personnel ou familial un bien culturel dûment acquis? Ce droit, lui, n'est pas nouveau. C'est que depuis, les gens sont des pirates, des genres de monstres sanguinaires qui viennent égorger les petits musiciens dans leurs garages, sous les pleurs impuissants de leurs producteurs.

J'ai cherché comme je le fais régulièrement des magasins en ligne ayant une offre acceptable. Force est de constater que les sites douteux sont des distributeurs éminament plus doués, tant du point de vue de la diversité que de la qualité.
Je parle de la qualité du fichier numérique. La quasi-totalité des sites proposent de la musique en mp3, encodé à un bitrate lamentable, au même prix que le CD en boutique. Un peu comme si tu payais autant que pour un DVD, et qu'on te refilait une VHS. Ne parlons pas des nombreux sites qui ont encore des protections greffées inutilement aux fichiers musicaux: ayant Linux, je ne peux même pas les lire.
Le seul équivalent numérique du CD est le choix d'un format dit lossless, sans pertes, comme mon bien-aimé FLAC. C'est une copie 1:1 du contenu trouvé sur un CD. Alors forcément, les magasins qui les proposent se comptent sur les doigts d'une main: le but est que le consommateur achète plusieurs fois la même chose, en CD, et en mp3s.
Quant à la diversité de l'offre, c'est assez étonnant. De nombreux artistes sont tout simplement introuvables sur ces magasins.
Je ne parle même pas du prix, scandaleux vu les coûts réels pour les distributeurs.
En résumé, il est possible maintenant (comparé à il y a un an ou deux) d'acheter sa musique numérique en ligne, légalement. C'est juste très cher, de mauvaise qualité, et avec moins de choix. Un paradis pour les mélomanes.
Bien sûr, j'achète encore quelques CDs physiques des artistes que je veux encourager. Mais c'est un pur acte de mécénat. Un mécénat cruellement inefficace, vu qu'une infime partie de cet argent va aux susmentionnés artistes. Une fois acheté et sorti de son plastique, le CD est transformé en FLAC; l'objet est alors définitivement inutile, et est abandonné dans un coin d'où il ne ressortira jamais.

Incidemment, et sans aucun lien, Mininova est maintenant le 46e site mondial en terme de fréquentation.