Man, man!


Ils sont fortement moustachus et barbus, et s'habillent comme des clodos ringards: Man Man en concert, c'est à mi-chemin entre un groupe de rock, un numéro de cirque, un catalogue de la redoute des années 80s et une crise d'épilepsie.

Le chanteur, énorme moustache, vieux polo Lacoste et minuscule short en jean blanc, crie au-dessus de son clavier, en sautant partout et en rigolant avec les autres membres du groupe. Le bassiste, chauve et avec une barbe qui doit lui causer des retards dans les aéroports, chante en faisant les gros yeux; un autre clavier/saxophone crie et arbore son tee-shirt troué; le guitariste, sous son bonnet miteux, joue parfois de la trompette; et enfin le batteur tape sur tout un tas de choses -- y compris un lapin de bronze sur lequel ont été judicieusement scotchées des plumes fluo.

Quand on écoute un album de Man Man, on dirait une bande de types saouls qui chantent dans la rue: en concert, c'est pire. Ca se voyait déjà pendant qu'ils préparaient la scène, après la première partie: moins une disposition du matériel musical qu'un empilement massif de tout ce qui leur était tombé sous la main. Le chanteur avait une grosse boîte noire, dont il a sorti, pendant de longues minutes, une infinité d'objets totalement inutiles: des clefs, des cuillers, un mégaphone-jouet, des serpents en plastique, des plumes fluo, du tissu à paillettes, des cloches, un crachoir, des pièces d'or en plastique, etc. Il y avait même, dans un coin, un de ces énormes cendriers métalliques qu'on trouve devant les magasins, qui a servi de tambour improvisé. Ces objets ont ensuite, au gré des chansons, été jetés, joués, frappés, piétinés par un chanteur survolté mais qui a réussi l'exploit de ne pas se casser la figure, malgré ses efforts.

Quand ils commencent un morceau, tous chantent, tous jouent, tous crient, tous sautent, tous font des grimaces. C'est festif. Le groupe idéal pour les mariages, bar-mitsvah, ou enterrements. A la fin, ils sont sortis en criant dans la rue, et tout le monde a suivi; et dehors, sous la pluie, au milieu des passants effrayés, ils ont chanté une dernière chanson, le chanteur perché sur une boîte aux lettres jaune de la Poste.

Bref, ça vaut au moins une soirée de variétés sur la 2 avec Johnny, Pagny et Barbelivien.



Petit addendum: je suis célèbre, car vu sur l'excellent PitchFork, qui propose une vidéo de Man Man criant dans les rues de Paris, et chantant après le concert près de la susmentionnée boîte aux lettres de la Poste: ici.

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    # by O M - 3 juin 2008 à 07:21:00 UTC+1

    Hihi, j'aime beaucoup la tête du bassiste avec son énorme barbe et ses gros yeux globuleux. C'est le genre de type, tu le croises dans le métro, seul sur le quai, tu commences à réciter tes prières et à t'excuser pour tous les péchés que t'as commis dans ta vie.