Le monde? quel monde?
in Mensonges à caractère général on vendredi 30 mai 2008
Si l'on y pense quelque temps, on ne peut s'empêcher d'être pris d'un vertige angoissant. Quoi, des peuples ne connaissant ni Platon, St Augustin ou Kant? Qui ignorent l'existence de Descartes, Newton, Einstein? Qui ne savent pas que Dieu, mort sur la croix, est ressuscité, avant d'être déclaré à nouveau mort par Nietzsche? Qui ont vécu une existence champêtre pendant qu'Alexandre faisait sienne l'Asie, pendant que Rome soumettait la Méditerranée avant de succomber à son propre poids et à ses excès, pendant que les Vikings pillaient l'Europe, pendant que les Arabes faisaient tomber l'Afrique et l'Asie, pendant que le Moyen-Age étouffait l'Occident avant qu'il se libère par la Raison et la Révolution?
Des indiens, enfiin, qui ne connaissent ni d'Eve ni d'Adam: Jordy, Francis Lalanne, Lionel Jospin, Pascal Sevran, Jean Sarkozy; qui ne pourraient pas reconnaître le drapeau américain, la silhouette d'Indiana Jones, ni comprendre le principe du hamburger, de la mode tektonic; qui ne seraient même pas fichus de déchiffrer un SMS ou de prédire le cours du pétrole; qui n'ont jamais entendu les doux mots de "céleri remoulade", "cancoillotte", "StarAc", "bande d'arrêt d'urgence"?
Nus, le corps peint de rouge, un arc et des flèches à la main. Ont-il une âme? Christ est-il mort pour eux? Sont-ils contre les terroristes ou avec eux? Pensent-ils que le libéralisme est incompatible avec socialisme? Vont-ils boycotter les JO de Pékin? Avaient-ils voté pour la Russie à l'Eurovision? Sont-ils pour ou contre l'avortement ou la peine de mort? Pensent-ils que la surveillance étatique des citoyens est une nécessité pour la sécurité ou une érosion des libertés publiques?
On peut se demander si tenter un contact est réellement utile. Pourquoi les importuner de notre curiosité maladive, de nos vices, de nos maladies, de notre avidité, alors que de toute façon le monde sera prochainement détruit cet été, lorsque le Large Hadron Collider du CERN produira un trou noir qui dévorera la Terre?
La riposte graduée: comment restreindre les libertés au nom de ces pauvres artistes
in Mensonges musicaux on lundi 26 mai 2008
Le parlement européen a, je le rappelle, voté contre ces dispositions.
Mais la bataille s'annonce acharnée. Ainsi, d'après Pascal Rogard, patron de la SACD, « la protection de la vie privée porte atteinte à d'autres libertés ». Les propositions de ces organismes reviennent à ceci: installer sur les ordinateurs des internautes des programmes ("spyware") qui les avertirait en cas d'infraction supposée.
Un autre article fait sourire, tristement; il s'agit d'un entretien avec Marc Guez, patron de la SCPP (Société civile des producteurs de phonogrammes).
Marc Guez. Ce ne sont pas les gens qui sont surveillés, ce sont leurs machines à partir du moment où elles sont connectées à un réseau peer-to-peer. Par exemple, quelqu'un qui allume son micro, qui met des fichiers en partage et qui part de chez lui pendant trois mois. Et bien, il sera susceptible d'être détecté parce qu'il est connecté au réseau. Par contre, qu'il soit là ou pas, qu'il surfe ou qu'il ne surfe pas, on ne le sait pas. On ne surveille pas du tout l'activité de flux, c'est-à-dire où les citoyens se connectent. Le fait déclencheur c'est qu'une machine, quelle qu'elle soit, mette des contenus à disposition. Et bien c'est comme si des gens sortent des meubles de jardin devant leur maison. Et bien tous les gens qui passent devant leur maison peuvent les voir. A contrario, si vous les laissez à l'intérieur, personne ne va les voir. Et on ne rentre pas chez vous.Si j'ai bien compris, le raisonnement est que mettre passivement à disposition des contenus supposément protégés par des droits d'auteur est aussi répréhensible -- et punissable pénalement -- que de laisser ses meubles de jardin dehors.
D'autre part, s'ils ne surveillent pas les flux, donc les échanges de données, il n'y a même pas de preuve de piratage, sauf si mes lacunes en droit me font défaut. La détention de musique serait-elle proscrite? Mettre sa musique dûment payée sur son ordinateur est-il interdit? Que veut dire mettre en partage? Est-ce mettre les fichiers en question sur un réseau du type Emule? Bittorent? Est-ce les mettre sur un ftp privé pour pouvoir se transférer personnellement de la musique d'un endroit à un autre? Est-ce les mettre sur son disque dur, accessibles par ce programme pirate par excellence, ssh?
Pour reprendre l'image jardinière du monsieur, si je copie un album légalement acheté, selon mon droit théorique à la copie privée, et que je laisse cette même copie sur ma table de jardin, suis-je coupable de mise à disposition de musique, pour le quidam qui regarderait chez moi et qui pourrait me prendre ma copie?
En fait on interroge les réseaux de peer-to-peer pour savoir quels sont les fichiers mis en partage. Et ce sont eux qui vont nous dire quels sont les internautes connectés qui les mettent à disposition. C'est un échantillon qui est relevé à un instant donné. Nous collectons les informations de base : à partir de quelle connexion Internet ont été mis à disposition des fichiers sans autorisation.Cela ouvre un autre volet fascinant: comment reconnaître un fichier mis à disposition sans autorisation. Bien sûr, seuls les artistes à gros volume seront recherchés: plutôt Johnny Halliday que Anna Terhneim. Comment alors trier les fichiers à disposition, comment retrouver un titre illicitement partagé? Peut-être le nom du fichier. Si je m'enregistre en train de chanter la marseillaise, et que je mets à disposition le fichier sous le nom de "Johnny Halliday - Elle est terrible.mp3", suis-je un pirate? Est-ce que, sans décision d'aucun juge, cela suffit-il à me faire condamner d'internet?
Faut-il que les ayant-droit téléchargent le fichier incriminé, pour s'assurer qu'ils en détiennent les droits? Mais alors, en téléchargeant illégalement un fichier protégé par le droit d'auteur, ne seraient-ils pas alors tout aussi coupables?
On s'étonnera que parmi toutes ces propositions faites par ces puissants lobbys, au nom des artistes, pas une ne concerne la hausse de la part de la rémunération de ceux-ci sur le prix d'un CD. On pourrait penser que, si moins de CDs se vendent, on pourrait ainsi mécaniquement compenser le manque à gagner des artistes, dont ils ont tant à coeur le bien-être.
Pendant qu'une industrie cherche à conserver ses marges honteuses, préférant sacrifier les libertés individuelles plutôt que leurs profits, tout cela avec l'approbation bienveillante et active du gouvernement, il reste quand même quelques personnes à aimer la musique, et à se souvenir que ce sont les artistes qu'il faut soutenir, et non tous ceux qui prétendent parler en leur nom. Personnellement, voilà mon programme des deux semaines qui viennent. Petit test: tu reconnaîtra certains artistes, mais tous? Non? Comment est-ce possible? Ne passeraient-ils pas à la radio? Comment alors découvrir ces talentueux groupes dont les maisons de disques ne jugent pas bon de faire la promotion?
Monsieur Tourè
in Mensonges de la vie quotidienne on samedi 17 mai 2008
J'aime, j'adore avoir ma boîte aux lettres pleines de prospectus, malgré le signe les refusant adorablement scotché par ma moitié. Mes préférées sont les grandes surfaces, surfant sur la vague bien-pensante écologique, qui réagissent en faisant la promotion de produits respecteux de l'environnement, à grand coup de catalogues de 50 pages de papier plastifié distribués massivement.
Mais qui n'a jamais eu ces formidables petits cartons qui, sous une confortable couverture de fautes d'orthographe, nous vantent les mérites de puissants sorciers? Ils sont formidables, ces marabouts: il n'existe aucun problème humain qu'ils ne peuvent résoudre en un claquement de doigt, résultat garanti, paiement après succès.
J'en ai reçu un cette semaine qui me proposait des choses pourtant inédites. Je te laisse, visiteur, apprécier.
Le racket de l'ignorance
Pour un particulier, de nos jours, acheter un logiciel, en plus d'être une aberration, est un tort. Mais tant qu'il ne s'en rend pas compte, Microsoft & co ne sont pas prêts de changer de politique, même si elle est, à long terme, intenable.
Le sens du sacrifice.
in Mensonges politiques on jeudi 15 mai 2008
Il suffit de prendre comme exemple le champion de la Liberté, le dirigeant du Monde Libre, le fer-de-lance de l'Axe du Bien: George. Ces dernières années, pour le compte de profits privés, de délires personnels, et de fantasmes messianiques, il a envoyé les jeunes de son pays mourir sous les bombes, se faire estropier dans des explosions, et finir leur existence hantés par les innombrables massacres auquels ils ont activement pris part, le tout financé par le travail de leurs petits-enfants. Aussi, lui, Monsieur le Président, a décidé de faire un geste grand, un geste beau, un geste fort, pour montrer à tous ces morts, ces handicapés, ces détruits qu'il fabrique à tour de bras que leur effort est partagé, que tous les américains, y compris le premier d'entre eux, participent à l'effort collectif de guerre.
C'est pourquoi, depuis ce fatal jour du 19 Aout 2003, qui restera dans l'Histoire, George W. Bush, par égard aux victimes de sa guerre et à leurs familles, ne joue plus au golf.
On mesure l'importance du sacrifice lorsque l'on sait que George avait passé en ses sept ans de présidence 879 jours de vacances en mai 2008, ce qui représente 30% de son temps de travail. Un jour sur trois, George décide de ne pas travailler, finalement; son sacrifice sportif doit lui peser d'autant plus lourd lors de ces longues journées d'oisiveté.
Malheureusement, ce bienveillant leader du monde s'apprête à prendre sa retraite. Enfin, il pourra prendre du repos.
Primaires démocrates et symbolisme équestre.
in Mensonges politiques on dimanche 11 mai 2008
A ce titre, pour montrer sa différence, et qu'être femme est sa force, Hillary Clinton a exorté ses supporters de parier pour la seule jument d'une prestigieuse course de chevaux, le Kentucky Derby. On verrait bien, d'après elle, que pour gagner une course, il n'est pas nécessaire d'être mâle. Elle a même envoyé sa fille pour la représenter.
Malheureusement, sa jument est arrivée deuxième, s'est fracturé ses deux jambes antérieures, et a du être euthanasiée sur la piste.