Europe.

Quel week-end mouvementé dans le monde! Alors que les brésiliens ont arrêté de ramasser des cagettes dans l'océan pour retrouver le vrai Airbus A330 en lambeaux, alors que la France salue la mort d'Omar Bongo tout en cherchant, selon toute probabilité, avec frénésie si des fois l'homme n'aurait eu la mauvaise idée de laisser des mémoires ou des papiers embêtants derrière lui, alors que le feuilleton Obama est passé sur nos plages, dans nos musées et s'est envolé à nouveau vers Washington avec des robes dans les soutes, quelques-uns ont quand même pensé à aller voter.

La première chose, c'est que l'UMP a gagné. Certes, pas aussi chichement que les droites des pays alentours, qui taquinaient plus volontiers le 40% que le 28%, mais c'est un succès tout de même. Je ne me hasarderai pas à une analyse, car honnêtement je ne sais pas trop. Le processus est toujours le même: on gère l'hôpital/l'université/la justice/l'audiovisuel/la culture comme une entreprise comme les autres, en nommant un copain de Sarko à sa tête, et on fait tout un tas d'annonces éphémères qui font bien au JT de 20h et que tout le monde oublie vite (le télétravail quand on est malade, les fouilles systématiques à l'entrée des lycées, pour les derniers spasmes absurdes), ou alors on fait des lois creuses et innaplicables pour pouvoir dire qu'on les a faites. Ca marche. Au XXIe siècle, l'espace politique est l'espace médiatique.

Le succès de l'UMP révèle d'ailleurs toute la grossièreté de Brice Hortefeux, qui se retrouve 'malgré lui' élu, alors qu'il ne pensait faire que de la figuration. La démocratie apparemment est un jeu, et être élu, c'est-à-dire se voir remettre par le peuple un mandat à exécuter en son nom, est un beau désagrément, car il faudrait alors quitter la cour du président. Ce qu'ils doivent être contents, ses électeurs, qui se voient méprisés au point que c'est Sarkozy qui va décider si oui ou non l'homme qu'ils ont élu en tant que député européen va les représenter ainsi qu'ils l'ont voulu par les urnes!

Allez, passons pour cette fois parce que Sarkozy a eu un trait d'humour ce weekend, dans sa conférence de presse avec Obama. Quand on demande à ce dernier pourquoi il ne passe pas beaucoup de temps en France, Sarkozy s'énerve dans son ton habituel de vous-la-presse-vous-êtes-vraiment-trop-crétins et, le sourcil relevé d'indignation, demande au journaliste s'il croit qu'ils n'ont que ça à faire, de poser pour les photographes alors qu'il y a du travail. Sarkozy, M. Bling-Bling, l'homme de Voici et de Gala, celui qui a fait du politique un people, qui rechigne à se faire prendre en photo à côté d'Obama, qui jusque-là lui avait systématiquement refusé ses demandes d'entretiens devant les caméras? C'était sans doute la prescience du score du PS le lendemain qui le mettait d'humeur joueuse.

Mais l'important est ailleurs.

Bayrou, qui samedi avait les noms des sondeurs qui ourdissaient sa perte à coup de manipulation médiatique, a oublié de les donner hier soir. A force de trop penser à la présidentielle, on rate des marches.

Le PS s'est comme d'habitude ridiculisé à nouveau, comme à virtuellement toutes les élections depuis Jospin, mis à part une régionale par ci, ou une municipale par là, et est passé à 0,2% de devenir le deuxième parti de gauche en France. A écouter Aubry, ou Hammon, c'était prévisible, ils dressent eux-mêmes un tableau tellement noir du PS qu'ils auraient dû, par humanité, prévenir avant dimanche les français d'éviter surtout de voter pour eux. Le problème, c'est qu'ils ont les mêmes phrases depuis le 21 avril 2002, et que c'est long, tout de même. Bien sûr, Royal, qui avait senti venir le grain, s'est bien gardée de montrer sa tête dimanche soir, et prépare sans doute son retour triomphal au sein de l'appareil du PS, sans se douter un seul instant que tout le monde se contrefout éperdument du savoir si les nullos à la tête du PS s'appellent Aubry, Royal, Hollande, ou Fabius. "Il faut se reconstruire, il faut recoller à la société, il faut travailler les idées..." Depuis sept ans, ils procrastinent, parce que les gens de la génération Mitterrand qui sont maintenant en haut de la bête s'imaginent qu'elle marche encore comme à l'époque, et qu'il faut juste attendre.

Pour Cohn-Bendit, par contre, c'est une victoire, et personne ne l'attendait à 6% au-dessus du PS en région parisienne, par exemple. A s'appeler Europe-Ecologie, il a réussi à faire oublier que derrière se cachent les Verts, qui sont d'habitude connus pour se détester mutuellement et ne pas rentrer de vacances quand il y a une marée noire en France (n'est-ce pas Mme V.?). C'était surtout la seule liste à oser parler d'Europe dans une élection européenne où tous les autres se battaient pour la présidentielle.

Un perdant, par contre, c'est le rondouillet Besancenot, qui avec son NPA pour rassembler les gauches bien à gauche, se retrouve derrière le PC, et ça, comme disent les jeunes, c'est la lose.

Enfin, Gollnish, Marine et son papa vont pouvoir aller à Strasbourg rejoindre les fascistes de toute l'Europe, dans le groupe le plus classe et sympa du parlement.

Quant aux 60% d'abstentionnistes, je les remercie d'avoir donné à ma voix beaucoup plus d'importance que s'ils avaient voté.


  1. gravatar

    # by Anonyme - 10 juin 2009 à 20:52:00 UTC+1

    Certes. Ceci dis, depuis que j'ai le droit de vote, je passe systématiquement un quart d'heure dans l'isoloir, à me demander pour qui voter et à finir par voter contre plein de gens, contre plein de programmes. Je me demande combien il y a eu de votes blancs.
    Autrement, mon aimé, pardon hein mais la couleur verdâtre de son blog a tendance à faire chavirer ma vision et mon coeur, dans le sens négatif du terme. Serais-tu assez chou pour mettre du jaune?