Le pouvoir de l'image.
in Mensonges politiques on lundi 29 mars 2010
- Son voyage aux Etats-Unis, où il dinera en tête à tête avec Barak Obama, qui d'habitude lui adresse un désintérêt et une indifférence qui blesse notre président
- Le lancement en grande pompe de son nouveau site internet elysee.fr, lui l'artisan de l'Hadopi et de la LOPPSI 2, qui veut nous faire croire qu'il connaît bien les nouvelles technologies.
Heureusement que le site de l'Elysée rétablit ainsi la vérité, et que l'on se rassure, dans les chaumières françaises: Barak et Nicolas sont les meilleurs copains du monde.
Je suis une célébrité du Net.
in Mensonges politiques on dimanche 10 janvier 2010
Le principe: chacun peut créer une "initiative" sur un sujet, et les autres internautes peuvent la rejoindre, ou la commenter. Le créateur peut même convoquer des réunions, organiser des diffusions de tracts, ou réaliser un "phoning", qui est, je suppose, la version politiquement correcte de "harcèlement téléphonique". Bref, un site pour amuser l'adhérent et lui faire croire que son opinion, plus que sa cotisation et son bulletin, compte pour le parti, pendant que les politiques, eux, s'occupent à diriger réellement le pays sans rien écouter. C'est de la poudre aux yeux dirigée vers ses propres adhérents, et on peut être rassuré à l'idée que chaque parti digne de ce nom a, ou aura bientôt son site équivalent. Cela motive les gens, apparemment, quand on leur fait croire qu'on les écoute.
Au début, forcément, il y avait du n'importe quoi, auquel, je l'avoue, j'ai bassement participé, en proposant par exemple que l'Education Nationale s'attaque au terrible problème de l'anatidaephobie. Pour les plus ignares, il s'agit de la phobie selon laquelle à tout instant, et en tous lieux, un canard vous observe. Initiative supprimée par les modérateurs, ce qui, bon, se comprend. Les initiatives du même ressort ont été éliminées elles aussi, quelques heures plus tard, y compris l'excellente idée de remplacer la Marseillaise par la Bamba Triste de Pierre Billon.
- (1) Pour que Frédéric Lefebvre soit nommé à l'Académie Française. (pour l'instant, 33 adhérents, 9e plus populaire du site) MAJ: 44 adhérents, 9e place
"Parce que c'est un homme de lettres, de convictions, élégant et raffiné, sûr de son verbe et d'une rhétorique sans faille. Déjà immortel dans nos coeurs, Frédéric Lefebvre doit l'être aux yeux de la nation."
- (2) Pour que Jean Sarkozy ait enfin un ministère. (22 adhérents, 16e plus populaire) MAJ: 35 adhérents, 12e place
"Jean Sarkozy a l'expérience et les compétences pour être enfin nommé à un ministère. Seuls les ringards pensent qu'il faut plus que le bac pour avoir des responsabilités. Et l'ascenseur social alors? Il faut que les jeunes des quartiers puissent rêver de pouvoir se hisser dans la société, même sans diplôme. Jean Sarkozy est le symbole idéal."
Mon alter ego, Machin Machin, connaît alors la gloire.
Par hasard, je tombe sur un article sur lepost.fr où un porte-parole du site createursdepossibles, Benoist Apparu (Secrétaire d'Etat chargé du Logement et de l'Urbanisme, tout de même), explique que contrairement à ce qui avait été annoncé, le site avait à son premier soir, non 60000 adhérents, mais 1500. L'auteur, dans l'introduction, commence à m'appeler un "petit malin" en pointant sur mon initiative (1), puis interpelle le sieur Apparu sur l'initiative (2). M. Apparu me traite alors de "plaisantin". Un autre article, toujours sur lepost.fr, immortalise entre autres les deux initiatives, au cas où les modérateurs, finalement, décideraient de les supprimer.
Décidément, parler de Lefèbvre est porteur, et je me retrouve cité sur le site de Metro (avec photo de (1), je croise les doigts pour l'édition papier de lundi), qui me traite aussi de plaisantin, ils ont dû se passer le mot.
... De leur côté, les opposants à l'UMP ne sont pas en reste. Sur le mode du sarcasme, ils sont à l'évidence quelques-uns a avoir investi les lieux."Parce que c'est un homme de lettres, de convictions, élégant et raffiné, sûr de son verbe et d'une rhétorique sans faille. Déjà immortel dans nos coeurs, Frédéric Lefebvre doit l'être aux yeux de la nation" explique ainsi Machin Machin qui préconise que "Frédéric Lefebre soit nommé à l'Académie française " tandis que l'une des personnes qui l'a rejoint dans cette initiative le verrait plutôt au Panthéon, et "au plus tôt".Plus loin, le même plaisantin plaide "Pour que Jean Sarkozy ait enfin un ministère" et suscite des réactions étonnantes d'incompréhension, ainsi un internaute "espère que c'est ironique".
..."Pour que Frédéric Lefebvre soit nommé à l'Académie Française"Bien vu : les facétieux s'en donnent à coeur joie depuis jeudi, rivalisant d'inventivité pour y multiplier les initiatives les plus ironiques, les plus provocantes ou les plus dénonciatrices.Citons parmi d'autres : "pour que Frédéric Lefebvre soit nommé à l'Académie française", "élever des statues de notre bon président", "supprimer le bouclier fiscal", "vacciner les touristes contre la grippe A" et même "battre l'UMP aux élections régionales et Nicolas Sarkozy aux prochaines élections présidentielles"
Quoique ici dans une autre interview d'Apparu, toujours sur le site de France2, je redeviens plaisantin.
... Pour l'instant, au vu des blagues qui y circulent (pour que Frédéric Lefebvre soit nommé à l'Académie française etc.) le site semble plutôt visité par des plaisantins ou des opposants que par des sympathisants?"On a voulu un site ouvert à tous, et non un site réservé aux militants. On assume le risque." Avec l'idée et l'espoir, visiblement, que les blagueurs se lasseront avant les sympathisants.
Le vrai drame évidemment, c'est que comme à peu près personne ne s'intéresse à ce site, ma publicité va à peu près s'arrêter là. Je mettrai cependant cet article à jour si d'autres choses remontent.
Bientôt, ce sera au PS de lancer son site communautaire, étrangement nommé lacoopol.fr. J'en glousse d'avance.
... Entre les deux sites, le ton, les règles de modération sont assez différentes. L'équipe de modération de la Coopol est pour l'instant plus chatouilleuse que celle de l'UMP. Un groupe nommé "Changez le nom du PS parce qu'il n'est pas socialiste" a, par exemple, été supprimé de la Coopol; en revanche, un groupe parodique intitulé "Pour que Frédéric Lefebvre soit nommé à l'Académie française" est en ligne sur Créateurs de possible depuis une semaine.
... Le projet est pensé de manière à s'adresser à un public plus large, non limité aux simples sympathisants. Les initiatives qu'on peut soumettre ne sont d'ailleurs pas filtrées, comme l'ont constaté de facétieux internautes venus proposer «que Jean Sarkozy ait enfin un vrai ministère» ou «que Frédéric Lefebvre soit nommé à l'Académie française». Le nombre d'initiatives parodiques visibles lorsqu'on se promène dans les pages est relativement important, au point qu'on peut se demander s'il ne finit pas par être nuisible à l'image de marque de l'UMP.
Réflexions postales.
in Mensonges de la vie quotidienne, Mensonges scientifiques on lundi 21 décembre 2009
Morano et rhétorique.
in Mensonges politiques on mercredi 16 décembre 2009
- J'ai vu M. Grobeuge voler une pomme
- M. Grobeuge a une moustache.
- Tous les moustachus sont des voleurs.
Estrosi gagne un point Godwin.
in Mensonges politiques on mercredi 9 décembre 2009
L'heureux élu se trouve alors l'heureux possesseur d'un point.
- Il est erroné de considérer que ce débat n'existe qu'à des fins électoraliste pour rameuter sous la houlette UMP les anciens FN, car au contraire c'est un débat anti-nationaliste,
- A la vérité ceux qui sont contre ce débat auraient aidé les nazis en une autre époque,
- Sarkozy est peut-être en train de désamorcer à l'avance la Troisième Guerre mondiale.
Le marathon de l'UMP.
in Mensonges politiques on vendredi 13 novembre 2009
- Hadopi2 est voté, la Culture Française est sauvée! Mais ce n'est pas fini, le Ministère de la Culture travaille sur des dispositions pour favoriser positivement le téléchargement légal. Parce qu'Hadopi, c'est de la pédagogie, paraît-il, avec des amendes de 1500€ et des peines de prison pédagogiques. C'est les 30% de faux positifs garantis qui vont en apprendre des choses. Malheureusement, le budget de l'année prochaine ne prévoit que 5,3 millions d'euros pour l'Hadopi, alors que les transformations massives des réseaux impliqués par la loi auraient demandé 100millions du contribuable. Qu'à cela ne tienne, il faut penser au téléchargement légal, à promouvoir absolument. C'est le Luxembourg qui va être content, parce que c'est là que sont établies les plateformes légales pour des raisons fiscales, malgré les adresses finissant en 'fr'. Mais l'UMP a l'esprit européen.
- Le ministre de la Culture pris dans la tourmente médiatique! On l'accuse d'être un touriste sexuel, lui explique qu'on lui en veut pour son homosexualité, que tout ce qu'il a fait c'est aller aux prostitués quadragénaires alors qu'il faisait du tourisme en Thaïlande. C'est différent. Télécharger une chanson de son groupe préféré que l'on va aller voir en concert, c'est punissable par la loi et condamnable moralement. Profiter de la misère des pays pauvres pour en soutirer des faveurs sexuelles, une erreur sans doute, un crime non, une faute même pas.
- Hortefeux est filmé en train de faire une blague raciste. On a le droit de faire des blagues racistes. C'est drôle, quand on a bien convenu entre nous que c'est du second degré. Quand on est ministre de l'intérieur et qu'on se félicite régulièrement du nombre exponentiel d'expulsions d'étrangers, le second degré est largement moins évident que si c'était disons Stéphane Guillon qui avait fait la blague, et ça met l'homme en perspective. Alors, la machine à communication du gouvernement s'emballe, avec l'appui précieux du crétinissime Frédéric Lefebvre, et plusieurs explications bancales se suivent: Hortefeux ne parlait pas des arabes, mais de 'clichés', puis après on a dit que ce n'était pas les clichés, mais les 'auvergnats'. On a vite trouvé le véritable coupable, le responsable ultime de la confusion: Internet. Tout le monde monte au créneau: quoi, Internet n'est pas censurable! Une information, un film tourné en public pendant une manifestation officielle de l'UMP peut se retrouver à disposition de tous, sans possibilité de couper le robinet! Quel scandale honteux! vivement Hadopi, que l'on puisse déconnecter au moins les plus gênants. Le discours est alors unanime, de Lefebvre à Copé en passant bien sûr par Hortefeux: il faut pouvoir contrôler Internet, le censurer, frapper d'un sceau d'approbation gouvernemental tout ce qui y circule. Un espace de liberté et d'échanges, non bridé par la censure, est une menace à la démocratie et à la politique. Chacun apporte sa petite pierre à un discours charmant d'anachronisme et d'autoritarisme.
- Internet, encore lui! Alors qu'on allait tranquillement refiler une bonne planque au fiston, voilà donc que les citoyens lambda ont fait mousser l'ascension étrangement rapide de Jean Sarkozy, au point que les médias nationaux se sont sentis obligés de ressortir eux aussi l'affaire. Comme si quand on a 23 ans et un diplôme Bac+0 on ne pouvait pas gérer le plus grand quartier d'affaire d'Europe! Quel espoir, pour les jeunes des banlieues, de voir que sans faire d'études, sans qualifications, sans avoir travaillé, on peut se retrouver comme ça, à la tête d'une machine aussi énorme. L'ascenseur social, en plein essor. Jeannot, pour l'occasion, avait coupé ses cheveux et avait mis des lunettes, pour faire moins tête à claques, mais, malheureusement, il donnait plutôt l'impression d'avoir 12 ans. Tout l'UMP, tout le gouvernement, comme un seul homme, se dresse pour sauver le dauphin: on le compare aux généraux de la Révolution, très jeunes, et c'est vrai que ce n'est pas de la faute de Jean si au lieu de remporter des batailles et de retourner l'Histoire il est juste le fils de son père. Ce dernier, sans pouffer, le jour même, fait un discours aux directeurs des lycées pour leur expliquer que seule la méritocratie compte depuis la Révolution, que le temps des privilèges est révolu. Je crois que c'est Luc Chatel qui a dénoncé le mauvais procès de 'sale nom', et a fait le parallèle avec la discrimination raciale. Je ne vais pas faire la liste complète de toutes les choses tout aussi indignes et honteuses qui ont été vomies dans les médias, ce serait trop long. Enfin, le sourire de mépris total toujours au coin de la bouche, Jean, sermonné par papa, a fini par reculer face à la colère des français, se contentant, comme un misérable, de n'être *que* administrateur de l'EPAD. Evidemment, en bonne tradition de l'UMP, face à l'indignation, Jean se pose en victime: s'il ne s'appelait pas Sarkozy, il aurait été pour lui beaucoup plus facile d'être président de l'EPAD.
- Le dimanche suivant, David Douillet est élu député. C'est vrai que lorsque l'on pense à la rédaction et la réflexion sur le droit, aux évolutions juridiques à apporter, à la complexité de la loi, la première chose que l'on se dit, c'est: il faut absolument qu'un sportif de haut niveau s'en occupe, le genre qui n'a fait pas d'études pour gagner des médailles en renversant des gens sur un tapis. Et quelqu'un de moderne avec cela: dans ses autobiographies, il explique qu'il trouve anormal et contre nature que les femmes travaillent, et qu'il est normal, par contre, d'être misogyne, sauf pour les 'tapettes', bien entendu. C'est des gens comme cela qu'il nous faut pour écrire la loi, pour donner un cadre sain à la société.
- Après, un petit détail qui a fait somme toute peu de bruit, la révélation du coût de l'installation temporaire d'une douche grand luxe pour Sarkozy, au Grand Palais, à 100m de l'Elysée, pour une réunion de quelques heures: plus de 245 000€. De quoi faire rêver les smicards. C'est l'infatigable député Dosière, un des cinq députés à être transparent sur la gestion de ses dépenses professionnelles, qui révèle la chose. A l'UMP, on lui prête à cette occasion une 'malhonnêteté intellectuelle' ainsi qu'un 'antiparlementarisme primaire'. Non, moi non plus, je ne comprends pas.
- Ensuite, il y a eu un petit creux, et Hortefeux s'est senti obligé de le combler en parlant d'instaurer un couvre-feu pour les mineurs. Bien sûr, un policier peut déjà ramener chez lui un mineur le soir, mais il fallait bien lancer une petite polémique gratuite et crétine pour rassembler l'électorat de droite qui commence malgré tout à s'y perdre.
- Pour continuer dans la voie, et pour faire oublier que la France a expulsé des afghans pour les ramener dans un pays en guerre qu'ils avaient fui (et où la France a même des opérations militaires qui essuie des pertes) où les attentats, assassinats et rapts sont monnaie courante, Eric Besson a alors lancé le grand débat sur l'Identité Nationale. Qu'est-ce que l'identité nationale? Ces deux jolis mots, popularisés par Le Pen dans les années 80, ont l'avantage de ne rien vouloir dire de particulier. Ou plutôt tout: à entendre Lefebvre et les ministres, tout ce qui peut arranger la droite fait partie de l'identité nationale. S'agit-il de définir l'essence éternelle de la nation, ce qui fait qu'un français est dans l'absolu une créature distincte fondamentalement d'un allemand ou d'un anglais? Faut-il définir plutôt ce qui n'est pas français pour en déduire ce qu'est être français? S'agit-il de la culture, de l'organisation politique et sociale? Et quand bien même, qu'y a-t-il à débattre? On nous enjoint à faire un grand débat, mais il n'y a surtout ni cadre défini ni enjeux. Ca fait des belles unes de journaux, les journalistes ne parlent que de ça et oublient de rappeler des choses comme la situation économique et sociale, l'envolée des dépenses, les déficits et ce genre de choses désagréables. Il me tarde d'avoir les résultats du débat, pour savoir comment je dois changer pour accorder mon état de français à ce qu'aura défini le gouvernement. Mais ça fait plaisir à l'aile droite-droite du parti, qui a sans doute déjà eu chaud au coeur de voir de Villiers incorporé à la belle machine UMP. Il faut bien aller râcler la fange de l'extrème-droite, si ça peut aider pour les régionales.
- C'est une tellement jolie opération, que les voix discordantes sont désagréables. Eric Raoult, député-maire UMP, trouve que les lauréats du prix Goncourt devraient avoir un 'devoir de réserve' concernant la personne du président. C'est le spectre du contrôle de l'information et des gens, déjà vu plus tôt avec Internet, mais aussi avec l'idée aberrante d'installer de plus en plus de caméras dans les villes (Hortefeux devrait aller voir en Angleterre la coûteuse inefficacité du dispositif, outre les aspects de vie privée); cette fois-ci, ce sont les écrivains qui sont visés. Le Ministre de la Culture, lui-même écrivain, va voler au secours des artistes et de leur liberté d'expression. Ah non, pardon, je l'ai confondu avec un homme de principes. Il a juste dit qu'il ne voulait pas intervenir. Beau défenseur des lettres!
- Enfin, c'est tout neuf aussi, le débat sur l'homoparentalité fait ressortir la droite sur ses grands chevaux moralisateurs. Les parents, avant d'être des gens qui aiment leurs enfants, doivent surtout posséder des parties génitales différentes: sans cela, apparemment, la jeunesse perd tous ses repères, et va droit à l'égoût. Pour Xavier Bertrand, avoir un père et une mère, c'est un droit de l'enfant. Désolé, petit Paul, tu vas devoir rester seul à l'orphelinat, parce que le couple qui voulait t'accueillir et t'aimer a la particularité physique d'être du même sexe. Mieux vaut pas de parent, que deux qui se ressemblent trop. Mieux vaut pas d'amour, que de l'amour de gens qui ne correspondant pas au schéma propre à notre identité nationale. Tu nous remercieras plus tard.
Des gens raisonnables.
in Mensonges politiques on vendredi 11 septembre 2009
Un peu de littérature que diable VI.
in Mensonges littéraires on samedi 29 août 2009
Nos maitres Google.
in Mensonges de la vie quotidienne, mensonges technologiques on mercredi 24 juin 2009
Les poids lourds d'Internet s'appelaient AOL et Microsoft. La télévision regorgeaient de publicité pour Lycos ou Yahoo. Les blogs n'existaient pas, mais les pages personnelles Geocities, avec leurs couleurs vives et leurs gifs animés ringards, débordaient de tout leur mauvais goût sur les nouvelles voies de l'information. Les sites étaient conçus par des pionniers qui n'avaient aucun sens de l'esthétique et qui codaient comme des chaussettes. Internet, à cette époque, était gras, surchargé, aggressif, brouillon.
Et puis une des innombrables nouvelles entreprises est venue dans ce fouillis, avec comme interface principale une page blanche, avec un unique champ de recherche au milieu. Net, dépouillé. Au-dessus, un nom tout rond qui ressemble à un mot d'enfant. Google était sobre et faisait des recherches pertinentes. Les gens ont commencé à l'utiliser.
Maintenant, ce sont nos maîtres. "Google" est devenu un verbe en américain. Petit à petit, service par service, ils ont rongé les marchés des concurrents, avec toujours la même efficacité, et la même sobriété. Ils détiennent probablement plus d'informations personnelles que la plupart des gouvernements. A intégrer tous leurs services, ils peuvent reconstituer des vies entières. Ils hébergent au même endroit courriels, flux rss, documents, blogs, historiques de recherche, etc, jusqu'à la position des personnes par GPS. Ils peuvent savoir ce que disent les gens, ce qui les intéresse, ce qu'ils cherchent, ce qu'ils veulent, ce qu'ils pensent, où ils sont.
Pourtant, contrairement à Microsoft, qui s'est répandu par la force, et Apple, qui a trouvé sa niche par une alliance originale d'innovation, de marketing et de fermeture totale de ses produits, Google a par comparaison toujours joué l'ouverture et la clarté, avec toujours plus de services gratuits et réutilisables à loisir. Alors, naturellement, ils se répandent toujours plus dans tous les recoins d'Internet, en inventant de nouveaux quand le besoin se fait sentir. On fait confiance à Google, nos bienveillants dictateurs, là où pour toute autre entreprise ou gouvernement, on aurait crié au scandale.
Aussi, pour compléter mon statut d'homme googlifié, j'ai troqué mon téléphone pour un splendide HTC Magic incorporant la plateforme Android. Android, c'est du Linux, avec tout plein de Google scotché dessus. Le résultat est un petit ordinateur portable, tacticle, qui tient dans la main, constamment connecté à Internet, et qui accessoirement permet d'émettre et de recevoir des appels. C'est une fenêtre qui donne spécialement le regard sur tout l'univers Google, mais aussi sur le reste. Google Mail/Talk/Reader/Maps/Agenda/Docs/Blogger/Picasa toujours sous le pouce. L'appareil photo se tranforme en lecteur de code barre pour chercher si un produit n'est pas moins cher sur internet. Le GPS lié à Google Maps et Street View fait que se perdre quelque part relève de la mauvaise volonté. Le téléphone, vu directement comme une clé USB sous Linux. Des bureaux virtuels sur le téléphone. La connectivité Wi-Fi à toutes les box SFR et Free (et appels vers les fixes en France illimités en profitant du serveur SIP de Free, d'ailleurs). Un client SSH pour me connecter à mon serveur, un client pour vérifier ce que fait mon serveur rtorrent, ou pour donner un fichier nzb à manger à Sabnzb+. Une application pour changer automatiquement la sonnerie, par exemple, suivant la zone géographique où l'on se trouve. La télé sur le téléphone pour regarder le Tour de France même aux toilettes. Un répertoire d'applications qui ne cesse d'agrandir, et même, joie suprême, la possibilité d'écrire ses propres scripts Python pour contrôler le téléphone.
Hadopi, suite et espérons fin.
in Mensonges politiques on mercredi 10 juin 2009
Hadopi n'aura donc pour seul pouvoir et utilité que d'envoyer des mails.
Sachant qu'elle a promis 1000 déconnexions par jour, les juges, qui s'ennuient, vont applaudir l'idée. Surtout que dès le premier procès tout avocat digne de ce nom n'aura qu'à soulever que l'adresse IP est falsifiable, et après tout le monde pourra rentrer chez soi.
En attendant un gouvernement qui saura enfin pondre une loi qui fait entrer l'accès à la culture dans le XXIe siècle, au lieu d'essayer péniblement de faire durer les habitudes révolues du XXe, chacun peut déjà ajouter un filtre envoyer directement tout mail reçu de *@hadopi.fr à la poubelle.