Bougonneries multiples.

Le monde de la musique va mal.

Tout d'abord, à partir de la semaine prochaine, les radios de Last.fm, site tant chéri, vont devenir payantes pour tout le monde, sauf les USA, l'Angleterre et l'Allemagne. C'était bien tant que ça durait, mais le last.fm que je chérissais, celui centré sur des gens qui partagent leurs goûts musicaux, est mort. L'entreprise last.fm est en marche, la communauté n'est plus centrale mais un outil pour se faire des gros sous. Tout le monde devra payer pour écouter, sauf les trois pays chouchoutés, la somme de 3€ par mois. Cela peut paraître encore peu pour nous bons français, mais nos amis mélomanes de pays moins riches l'ont mauvaises. Un commentateur de la décision sur le site lui-même disait qu'habitant en Roumanie, son loyer mensuel était de 30€, ce qui donne une idée de ce que représente 3€ pour lui. Qu'importe! le précieux marché anglo-saxon est préservé. Last.fm, je suis déçu.

Et ensuite, je tombe sur ça. C'est le dernier clip de Chris Cornell. Oui, cette bouse monstrueuse, ce RnB de supermarché saupoudré de fiente commerciale, est dans le dernier album de celui qui a été le leader et chanteur de SoundGarden et plus récemment d'AudioSlave. Les bras m'en tombent. Cornell, une des voix les plus intéressantes et originales au monde, qui tombe dans ce gouffre de médiocrité? C'est quoi la suite? Thom Yorke en duo avec Garou? Mick Jagger qui reprend le Petit Bonhomme en Mousse? Le coeur serré, je ne peux que refaire tourner dans Amarok SuperUnknown, la pépite de SoundGarden, dont le CD, du temps où ces choses existaient encore, s'est usé si longtemps dans ma chaîne HiFi.

Et puis, même si ça n'est pas de la musique, le Conseil des Droits de l'Homme de l'ONU a voté une résolution qui condamne "la critique de la religion" comme violant les Droits de l'Homme. Je ne sais pas pourquoi, apparemment tout le monde s'en fout, j'ai dû creuser dans les méandres de l'Internet pour trouver cette information aberrante.

Allez, promis, je ne vais même pas mentionner comment le pape en voyage en Afrique annonce que le seul moyen efficace de lutte contre l'épidémie de sida, pour une raison magique non communiquée, "aggrave le problème", sans doute parce qu'il pense encore que c'est la maladie du péché et qu'il n'a pas compris que c'est juste la maladie de la pauvreté et du manque d'éducation.

Et comme décidément le monde est mal fait, le site officiel de Jean Sarkozy, jeansarkozy.org, ne va plus sur sa délicieuse page personnelle mais sur celle des élus des Hauts-de-Seine de l'UMP.

Et puis l'excellente série Battlestar Gallactica est finie, ça y est, il n'y a plus de série de SF en existence qui n'est pas tellement ringarde qu'elle fait regretter la Chance aux Chansons.

En parlant de ringards, et pour finir, les choses vont être drôles pour le vote de la loi dite "Création et Internet" cette semaine: le seul autre pays au monde qui avait la bêtise de préparer une loi similaire l'a abandonnée, et le parlement européen a réaffirmé la semaine dernière que le droit à l'accès à internet était indissociable du droit à l'éducation et que par conséquent personne, ni entreprise ni état, n'avait le droit de couper l'accès internet à quiconque. Oups! La loi qui sera sans aucun doute votée le 31 mars sera donc dès sa naissance en contradiction avec les règles européennes, donc inapplicable. C'est drôle, la politique.

Non, allez, encore une: la police britannique a lancé une formidable campagne de sensibilisation, pour inciter la population à la délation. Il faut voir leurs posters, ils valent le coup d'oeil. L'un d'eux dit, à côté d'une photo d'un centre commercial: "une bombe n'explosera pas ici, parce que quelques semaines plus tôt un client a dénoncé quelqu'un qui étudiait les caméras de surveillance". Je prends note, si un jour je vais outre-Manche, de ne jamais regarder les omniprésentes caméras dans les yeux, sous peine de me prendre une balle dans la tête. C'est tellement dommage. Dans le métro, quand je vois une caméra et que je suis raisonnablement seul, je ne manque jamais de faire une grimace pour égayer la soirée d'un surveillant blasé devant ses petits écrans noir et blanc. Je suis joueur.