Un peu de littérature que diable II


Incroyable, la liste continue, bravant mon inertie légendaire!



6. Altered Carbon
, Richard Morgan.
Richard Morgan, avec son personnage Takeshi Kovacs, écrit de la SF qui cogne. C'est une sorte de polar ultraviolent où la conscience est numérisée et transposable de corps à corps. Les plus riches maintiennent des batteries de clones, et deviennent virtuellement immortels, pendant que les pauvres ne peuvent se payer qu'un ou deux corps, et doivent supporter la vue des corps de proches revêtus par des tiers plus fortunés. Kovacs est une sorte d'übersoldat, qui n'est pas forcément mis au courant de tout mais que tout le monde semble vouloir tuer. Il n'aime pas trop ça, et quand il se fâche, c'est tout rouge. Et c'est plutôt chouette.




7 & 8. Judas Unchained & Pandora's Star, Peter F. Hamilton.
Hamilton, comme déjà noté ici, est une sorte de psychopathe qui arrive à sortir des bouquins de 1200 pages tous les ans. A chaque fois, il y a des dizaines de mondes, de personnages, de factions, et tout est entremêlé et se passe en même temps.
Dans ces deux volumes, l'Humanité qui a colonisé pas mal de planètes, reliées entre elles par des trous de vers, monte une formidable expédition d'exploration vers un système solaire qui a été entièrement englouti en quelques secondes par une sorte de barrière invraisemblable.
Bon, après il se passe tout un tas de choses, et on se retrouve dans une guerre à la mort avec une espèce qui ne comprend pas le compromis mais s'axe entièrement sur des idées d'extermination de la concurrence.
Le meilleur passage est d'ailleurs celui où Hamilton retrace les millions d'années d'évolution de ces créatures qui se séparent entre les motiles (enfin c'est le terme utilisé en anglais), qui sont les créatures sans grande intelligence mais mobiles contrôlées par les immotiles qui ont troqué leurs moyens de locomotion contre une spécialisation dans la conscience et l'organisation. Ca a l'air bête dit comme ça, mais en fait c'est chouette, c'est promis.
C'est donc un bon space opera qui n'oublie pas d'être de la hard SF; c'est efficace, et comme d'habitude avec Hamilton, on se retrouve un peu désoeuvré quand on a fini les 2500 pages et qu'il n'y a plus rien à lire.



9. Darkly Dreaming Dexter
, Jeff Lindsay.
Le livre, c'est toujours mieux que le film/la série, disent en bombant le torse ceux qui ont lu le livre à ceux qui n'ont vu que l'adaptation. Parce que moi aussi je voulais bomber le torse, et que la série Dexter est un petit bijou, j'ai lu le roman originel. Bon, c'est raté, je n'ai rien à bomber. La série est beaucoup plus fouillée, les personnages plus complexes, l'atmosphère plus malsaine, et l'histoire mieux écrite. Je suis peut-être juste réfractaire aux thrillers modernes, mais là où la série est formidable, le roman n'est pas mémorable.



10. World War Z
, Max Brooks.
World War Z est la reconstitution de la guerre contre les zombies à travers toute une série d'entretiens sur différents épisodes avec des témoins occulaires. Le début de l'épidémie en Chine, les premiers morts, la généralisation du problème, l'angoisse, la panique, face à une guerre qui semble perdue d'avance: tout est bien agencé, bien pensé, ça se lit comme un reportage ou une série d'articles de presse.
Le point clé de l'histoire est quand l'humanité décide de lutter coûte que coûte, de ne pas désespérer, et de reprendre ce que les zombies lui ont pris. Malheureusement, cette décision fait suite à un discours du président des Etats-Unis, qui montre bien sûr la voie à suivre pour le reste du monde qui n'attendait que cela. C'est étonnant comment, même en plein milieu des années Bush (au moment de la parution), les américains s'accrochaient encore à cet étrange mythe du Président-Messie. Avec Obama qui rachète les péchés de l'esclavagisme et de la ségrégation raciale, les livres et films vont probablement s'adonner avec encore plus de complaisance à un patriotisme larmoyant débordant d'auto-fascination. Chouette!